La production pétrolière russe pourrait chuter d’environ un quart le mois prochain

Publié le 16/03/2022

Comme prévu par de nombreux experts et analystes, la guerre en Ukraine devrait exercer une forte pression à la hausse sur les cours de l’énergie.

La production pétrolière russe pourrait chuter de 3 millions de barils par jour, pour atteindre 8,6 millions de barils par jour à partir du mois prochain. C’est ce qu’indique dans son rapport mensuel publié ce mercredi 16 mars, l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Pour les experts de l’AIE, ce sera le résultat de l’hésitation voire du refus de certains acheteurs et négociants de s’approvisionner en pétrole russe, en réponse à l’opération militaire menée depuis le mois dernier par le Kremlin en Ukraine.

Des entreprises comme TotalEnergies et Shell se sont engagées à réduire leurs importations de pétrole russe. La situation pourrait infliger au marché le plus grand choc d’approvisionnement depuis plusieurs décennies et propulser les cours bien au-delà de la barre historique des 140 dollars le baril, dans un contexte où la demande post-pandémique met déjà à rude épreuve l’offre globale.

«?Les implications d’une perte potentielle des exportations de pétrole russe sur les marchés mondiaux ne peuvent être sous-estimées […]. S’il est encore trop tôt pour savoir comment les événements vont se dérouler, la crise pourrait entraîner des changements durables sur les marchés de l’énergie.?», précise le rapport de l’Agence.

Les marchés mondiaux seront désormais confrontés à un déficit au cours des deux prochains trimestres, au lieu des excédents prévus précédemment par l’AIE. Cela obligera les nations développées à épuiser davantage des stocks de pétrole qui sont déjà à leur plus bas niveau depuis 2014.

Techniquement, le gap des trois millions de barils par jour pourrait difficilement être comblé par les membres de l’OPEP en l’occurrence l’Arabie Saoudite, qui résiste depuis plusieurs mois aux pressions américaines pour ouvrir davantage les robinets, afin de réduire les cours. L’AIE estime que, même en cas de retrait de cette quantité sur les marchés, l’Arabie Saoudite n’essaiera pas de combler le déficit, car elle veut préserver ses liens politiques avec Moscou et en partie parce qu’elle estime que les marchés restent suffisamment approvisionnés pour le moment.

La situation pourrait néanmoins être atténuée par la libération des stocks stratégiques par des pays comme les Etats-Unis et le Japon. Ils devraient mettre sur les marchés plus de 60 millions de barils au cours des prochaines semaines.

En outre, l’agence a réduit d’un tiers ses prévisions de croissance de la demande en 2022, la pression inflationniste liée à la hausse des prix des produits de base pesant sur la croissance. La consommation de pétrole augmentera donc de 2,1 millions de barils par jour cette année.  

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