Sénégal : le FMI préconise des mesures « audacieuses » pour réduire la dette publique

Publié le 17/10/2024

Le rapport de l'Inspection générale des finances du Sénégal a révélé des données révisées sur le déficit budgétaire et la dette publique pour la période 2019-2024. Elles sont bien plus élevées que l’estimation initiale.

Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment terminé une mission au Sénégal, menée du 9 au 16 octobre 2024, dans le but d’évaluer la situation des finances publiques du pays. C’est ce qu’indique un communiqué publié le mercredi 16 octobre.

Cette mission s'est concentrée sur l’analyse des conclusions préliminaires d'un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF), couvrant la période 2019-2024. Ce rapport met en lumière des révisions substantielles des données budgétaires, révélant que la dette publique du pays a atteint 83,7 % du PIB en 2023 contre une précédente prévision de 73,6 %. Le déficit budgétaire a quant à lui, atteint en moyenne 10,4 % du PIB entre 2019 et 2023, soit près du double des 5,5 % déclarés par les autorités auparavant.

« Ces révisions seraient dues à des investissements importants financés par des prêts extérieurs et des emprunts bancaires nationaux », peut-on lire dans le communiqué.

Selon Edward Gemayel (photo), chef de mission du FMI, le Sénégal continue de faire face à un environnement difficile, marqué par une baisse des recettes jusqu’à fin septembre et une hausse des dépenses, notamment en raison de projets d’investissements majeurs. Une dynamique qui pourrait entraîner un déficit budgétaire supérieur à 7,5 % du PIB en 2024, selon les estimations.

Cette détérioration des finances publiques a incité l’agence de notation Moody’s à abaisser la note de crédit du Sénégal de « Ba3 » à « B1 » au début du mois d’octobre.

Face à ces défis, le FMI exhorte les autorités sénégalaises à adopter des mesures budgétaires décisives afin de rétablir la viabilité des finances publiques.

« Des réformes audacieuses et opportunes, notamment la simplification des exonérations fiscales et la réduction des subventions énergétiques, sont essentielles pour assurer la viabilité budgétaire et orienter la dette vers une trajectoire descendante », a déclaré M. Gemayel.

Le gouvernement sénégalais envisage, dans le cadre de son plan quinquennal 2025-2026, de mettre en œuvre des réformes structurelles afin de stabiliser ses finances tout en jetant les bases d'une croissance plus inclusive et durable. Dans ce sens, le pays entend ramener la dette publique à 70 % du PIB.

Dans l’attente de la certification des conclusions finales du rapport de l'IGF, le FMI a réaffirmé sa volonté de continuer à collaborer étroitement avec les autorités sénégalaises pour évaluer les conséquences macroéconomiques de ces révisions. Cette coopération portera notamment sur la vérification des erreurs de déclaration qui auraient pu être commises dans les programmes précédents soutenus par l’institution.

Charlène N’dimon