Paule-Renée Etogo : « Le Rebranding Africa Forum vise à repositionner l'image de l'Afrique »

Publié le 15/10/2024

Cette année le Rebranding Africa Forum célèbre sa 10e édition qui débute ce jeudi 17 octobre à Bruxelles avec un invité de marque, le président de la RDC, Félix Tshisekedi. A cette occasion, Paule-Renée Etogo, Déléguée Générale de l’événement, a bien voulu répondre à nos questions. 

Agence Ecofin : Après une décennie d'éditions de Rebranding Africa Forum, quelles transformations majeures avez-vous observées dans la perception de l'Afrique sur la scène internationale, et comment le Forum a-t-il contribué à cette évolution ?

Paule-Renée Etogo : En tant que Déléguée Générale du Rebranding Africa Forum, je suis fière de dire que ces dix dernières années ont marqué une véritable évolution dans la manière dont l'Afrique est perçue sur la scène internationale. Nous sommes passés d'une narration axée principalement sur les défis du continent à une reconnaissance accrue de son potentiel et de ses opportunités. 

« Nous sommes passés d'une narration axée principalement sur les défis du continent à une reconnaissance accrue de son potentiel et de ses opportunités. »

Le Forum a joué un rôle déterminant aussi bien en Europe qu'en Afrique en servant de plateforme où les décideurs politiques, les entrepreneurs, et les intellectuels africains et internationaux ont pu échanger et collaborer, menant à la signature de bon nombre d'accords de coopération.

Grâce à des discussions centrées sur l'innovation, le leadership africain et la dynamique économique, le RAF a toujours eu l'ambition de repositionner l'image de l'Afrique, non plus comme un continent en attente d'aide, mais comme un acteur majeur, capable d'attirer des investissements, de porter des projets innovants et de développer des solutions adaptées à ses propres réalités. Le Forum a permis de montrer une Afrique proactive, tournée vers l'avenir, et prête à collaborer sur un pied d'égalité avec les autres régions du monde. 

AE : L'intelligence artificielle, le capital humain et le soft power sont au cœur des débats cette année. À votre avis, comment ces leviers peuvent-ils accélérer la croissance économique de l'Afrique et attirer davantage d'investissements étrangers ?

PRE : L'intelligence artificielle, le capital humain et le soft power sont autant de thèmes nécessaires pour une édition que le Comité d'Organisation a voulu percutante. Alors que le capital humain est à la croisée de toutes les initiatives dans un continent très majoritairement jeune, l'IA, par exemple, est un levier fondamental pour l'Afrique à l'ère de la transformation numérique mondiale et à l'heure où plus que jamais le continent doit rechercher la productivité des facteurs de production, notamment dans des secteurs tels que l'agriculture, la santé et les services financiers, tout en créant de nouvelles opportunités d'emploi pour les jeunes Africains. À condition que nous investissions massivement dans la formation et le développement des compétences, le potentiel humain du continent — qui est l'un de ses plus grands atouts — peut être exploité de manière optimale.

Le soft power, quant à lui, joue un rôle crucial dans l'attractivité du continent. En renforçant l'image d'une Afrique innovante et dynamique, le RAF contribue à attirer les investisseurs étrangers et à tisser des liens plus solides avec les grandes puissances économiques. Il est essentiel de promouvoir une vision où l'Afrique est perçue non seulement comme un marché de consommation, mais aussi comme une source d'innovation et d'inspiration.

AE : Cette 10ème édition du RAF accueillera des figures de proue du monde des affaires, de la politique et de la société civile. Pouvez-vous nous donner un aperçu des intervenants phares, et en quoi leur participation peut-elle enrichir les discussions stratégiques sur les sujets qui seront débattus ?

PRE : Cette édition réunira des intervenants de renom, parmi lesquels le Président Félix Tshisekedi, Président de la République Démocratique du Congo, accompagné d’une importante délégation d’entrepreneurs. 

« Nous aurons l’honneur d’écouter Serge Ekué, Président de la BOAD, Wamkele Mene, Secrétaire Général de la ZLECAF, ainsi que le Dr Diene Keita de l'ONU et le Dr Sidi Ould Tah, Président de la BADEA. »

Par ailleurs, nous aurons l’honneur d’écouter Serge Ekué, Président de la Banque Ouest Africaine de Développement, Wamkele Mene, Secrétaire Général de la ZLECAF, ainsi que le Dr Diene Keita de l'ONU et le Dr Sidi Ould Tah, Président de la Banque Arabe pour Développement Economique en Afrique (BADEA) autour de thématiques liées au développement et à l’intégration du continent.

Salif Traoré, Président de la Fondation Magic System, et Sa Majesté Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo Njoya, Sultan Roi des Bamoun (République du Cameroun), mettront quant à eux en avant l'importance de la culture comme levier du soft power africain. Ces intervenants, parmi tant d'autres, sont représentatifs de la diversité des perspectives qui seront abordées. 

AE : La République Démocratique du Congo est à l'honneur pour cette 10ème édition. Quelles opportunités offre ce pays dans les secteurs des infrastructures, des réformes économiques et de la diversification qui peuvent servir d'exemple aux autres nations africaines ?

PRE : La République Démocratique du Congo (RDC) est un exemple emblématique du potentiel africain en matière de développement économique et de diversification. Grâce à ses vastes ressources naturelles, ce pays se positionne comme une plaque tournante pour les investissements dans les infrastructures, notamment dans les secteurs de l'énergie et des transports. La RDC s'efforce également de diversifier son économie en réduisant sa dépendance aux ressources naturelles, un défi commun à de nombreuses nations africaines. 

« Le gouvernement congolais a engagé des réformes ambitieuses pour améliorer le climat des affaires et renforcer les institutions, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour les investisseurs étrangers. »

Le gouvernement congolais a engagé des réformes ambitieuses pour améliorer le climat des affaires et renforcer les institutions, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour les investisseurs étrangers. Ces efforts pour moderniser les infrastructures et stabiliser l'environnement économique peuvent servir de modèle à d'autres pays africains qui cherchent à renforcer leurs propres capacités de production et d'attraction des capitaux.

AE : Le RAF a toujours cherché à rapprocher le monde des affaires et celui de la politique. Quels partenariats ou projets concrets espérez-vous voir émerger de cette édition, en particulier en termes d'investissements internationaux ?

PRE : Le Rebranding Africa Forum a pour objectif de créer des synergies entre le monde des affaires et celui de la politique, car c'est dans cette collaboration que réside la clé de la transformation économique de l'Afrique. Lors de cette édition, nous espérons voir émerger plusieurs partenariats concrets, notamment dans des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, les infrastructures numériques, et l'éducation.

Nous croyons fermement que des accords entre investisseurs internationaux et acteurs publics locaux peuvent favoriser une croissance inclusive. Nous travaillons également à faciliter des collaborations qui favoriseront la création d'emplois et l'inclusion financière, avec un accent particulier sur les start-ups africaines et les petites et moyennes entreprises (PME), qui sont des moteurs essentiels de l'économie africaine.

AE : Avec des thématiques aussi larges que les TIC, le changement climatique, et l'économie verte, quels résultats ou avancées espérez-vous voir se concrétiser à court ou moyen terme pour l'Afrique suite aux discussions de cette édition ?

PRE : Les thématiques de cette année, telles que les TIC, le changement climatique et l'économie verte, sont d'une importance cruciale pour l'avenir du continent. À court terme, nous espérons voir une prise de conscience accrue de l'urgence d'adopter des solutions technologiques pour atténuer les effets du changement climatique. Cela inclut l'investissement dans les énergies renouvelables et l'adoption de pratiques plus durables dans l'agriculture et l'industrie.

À moyen terme, nous souhaitons que les discussions lors de cette édition conduisent à des engagements concrets des gouvernements et des investisseurs pour promouvoir une économie verte. Il est également essentiel que les initiatives issues du Forum encouragent une plus grande inclusion numérique, en particulier dans les zones rurales, pour garantir que la transformation numérique bénéficie à l'ensemble de la population africaine 

Propos recueillis par Fiacre Kakpo.