Corridor Lomé-Niamey : les véhicules béninois interdits d’activité

Publié le 14/05/2024

La décision publiée par le gouvernement du Niger intervient dans un contexte tendu avec le Bénin au sujet de l’ouverture des frontières. La situation reste préoccupante pour les acteurs régionaux du secteur de la logistique.

Le ministère nigérien des Transports a, dans une décision publiée le 11 mai 2024, rappelé que le transport de marchandises sur le corridor reliant le port de Lomé au Togo à toutes les localités du Niger relevait de la compétence exclusive des véhicules immatriculés au Togo ou au Niger, selon un accord signé entre les 2 pays.

 « L’enlèvement du fret nigérien au port de Lomé ou en tout lieu du territoire de la République togolaise est exclusivement réservé aux véhicules immatriculés au Niger et au Togo conformément à l’accord bilatéral de transport entre la République du Niger et la République togolaise » peut-on lire dans le document.

La mesure prévoit également qu’en cas de forte demande, seuls les camions « immatriculés au Burkina Faso, au Mali et au Ghana peuvent participer à l’enlèvement dudit fret », à l’exclusion de ceux du Bénin, pays avec lequel le Niger a pourtant le corridor.

La décision intervient dans un contexte de relations frontalières difficiles entre le Bénin et le Niger. Malgré la levée des sanctions qui étaient imposées par la CEDEAO, le pays sahélien a maintenu sa frontière fermée, en réaction selon son Premier ministre, « à la présence de militaires français » chez leurs voisins.

Cette décision devrait avoir des conséquences directement sur les sociétés de transport de marchandises dont les camions sont immatriculés au Bénin, car pour elles, cela signifie la fin d’une alternative, au demeurant coûteuse. Ce durcissement de ton entre les autorités du Bénin et du Niger constitue aussi un défi pour les entreprises de transit et de logistique pour lesquelles le corridor Cotonou-Niamey était une source majeure d’activités.

Si le Togo se présente actuellement comme une alternative pertinente, il n’est pas certain que ce corridor soit à même de satisfaire l’ensemble des besoins de consommation du Niger. Ce même si ce dernier est officiellement entré dans le club fermé des exportateurs africains de pétrole, avec une capacité de vente à l’international attendue à 200 000 barils par jour en 2026.

Mais pour répondre à la demande supplémentaire en services de logistique, les entreprises, qu’elles soient du Burkina Faso, du Ghana, du Togo et même du Niger, auront besoin de s’assurer que l’opportunité est valable sur le long terme, en raison des coûts d’acquisition de camions et de la longue période d’amortissement.

Or sauf surprise, il n’est pas consistant de prédire que la crise entre le Bénin et le Niger ne sera pas résolue à court terme. Le pétrole nigérien a besoin pour être vendu de passer sur le territoire béninois, et au contraire du transport de marchandises, aucune solution palliative n’est possible sur le court terme.