Au Nigeria, la NNPC met en vente une partie de ses actifs pétroliers sur fond de tensions syndicales

Publié le 30/12/2025

Les participations de NNPC dans certaines coentreprises pétrolières et gazières sont désormais ouvertes aux offres pour permettre à la société d’optimiser ses actifs. Mais le projet n’a pas reçu l’adhésion de tous les acteurs du secteur.

La société publique nigériane du pétrole, NNPC, a annoncé le 29 décembre dernier son intention de vendre des participations dans certains de ses actifs pétroliers et gaziers, en sollicitant officiellement des offres. Certains actifs sont détenus directement par la NNPC, tandis que d’autres sont exploités en partenariat avec des compagnies internationales telles que Shell, Chevron, Eni et TotalEnergies. La compagnie ne précise ni le montant attendu de la cession ni la taille exacte des participations proposées.

Selon le calendrier indiqué, les candidats intéressés doivent s’enregistrer en ligne avant le 10 janvier 2026. La sélection se fera par pré-qualification sur la base de la capacité technique et financière, suivie d’une évaluation documentaire, de négociations et de l’obtention des autorisations réglementaires nécessaires. Les entreprises qualifiées auront ensuite accès à une salle de données virtuelle sécurisée pour examiner les informations détaillées sur les actifs.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de NNPC visant à céder au moins 25 % de certaines participations, par cessions totales ou réduction de parts dans des joint-ventures, dans une logique d’optimisation de portefeuille. Le Nigeria cherche à stimuler la production pétrolière et à attirer davantage d’investissements, notamment à travers les champs terrestres marginaux abandonnés par des compagnies internationales. Ceci, alors que la production de brut peine à progresser et que le pays tente de mobiliser des liquidités face aux défis économiques.

Des résistances syndicales déjà exprimées

Cette démarche relance des tensions déjà apparues en septembre dernier, lorsque l’annonce de projets similaires avait suscité des réactions vives des plus grands syndicats pétroliers du pays. PENGASSAN et NUPENG ont exprimé leur opposition à la réduction de la participation de l’État dans certaines coentreprises, actuellement entre 55 et 60 %, à un niveau compris entre 30 et 35 %. Les syndicats ont estimé que cette mesure pourrait compromettre les revenus publics, affaiblir la stabilité de la NNPC et mettre en péril les salaires et avantages sociaux des travailleurs.

Ils ont également dénoncé des projets, qu’ils attribuent aux autorités, visant à amender le code pétrolier de 2021 afin de modifier la gestion des actifs de la NNPC, estimant que de tels changements risqueraient d’éroder la confiance des investisseurs et conduire à la faillite de la société. Les dirigeants syndicaux ont rappelé les précédentes cessions par ENI, ExxonMobil et Shell, dont certaines avaient été reprises par des sociétés locales, pour illustrer les risques d’une réduction trop rapide de la participation de l’État.

Les syndicats ont appelé le président Bola Tinubu à intervenir afin de protéger l’avenir économique et social du pays et ont averti que toute modification précipitée de la loi ou transfert de gestion de NNPC vers les régulateurs risquerait d’envoyer des signaux négatifs aux investisseurs et de fragiliser davantage le secteur pétrolier nigérian.

Olivier de Souza

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