Quatre ans après son arrivée au pouvoir grâce à un coup d'Etat, Mamadi Doumbouya a promulgué il y a quelques mois une nouvelle constitution adoptée par référendum. Il est annoncé grand favori de cette première élection présidentielle post-transition.
En Guinée, le scrutin présidentiel censé mettre fin à quatre années de transition s’est tenu ce dimanche 28 décembre, dans un climat sans heurts et sans véritable suspense. Marquée par l’ultra-domination médiatique de Mamadi Doumbouya (photo), auteur du coup d’État de septembre 2021 et candidat à sa propre succession, la campagne n’a laissé guère de doute sur l’identité du futur vainqueur.
Si l’élection prévoit théoriquement un scrutin à deux tours, le slogan « Un coup K.-O. ! », largement repris lors des meetings de Génération pour la modernité et le développement (GMD), le mouvement du président-candidat âgé de 41 ans, a résonné comme une prophétie. Les principaux partis d’opposition, dont plusieurs leaders comme l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, étant en exil, n’ont en effet pas participé au scrutin.
En dehors du chef de l’État sortant, les 6,8 millions d’électeurs appelés aux urnes avaient le choix entre huit autres candidats, peu connus du grand public. Dans ce contexte de compétition déséquilibrée, la participation a pourtant atteint 85 %, selon la Direction générale des élections (DGE), qui prévoit de publier les premiers résultats, mardi 30 décembre au soir.
Malgré un engouement électoral jugé limité en amont, le scrutin s’est déroulé dans le calme, sans incidents signalés dans les bureaux de vote. Quelques heures avant leur ouverture, les autorités avaient toutefois annoncé avoir « neutralisé » samedi matin un groupe armé dans la banlieue de la capitale Conakry, présenté comme porteur d’« intentions subversives ». Une enquête a été annoncée, sans précisions à ce stade.
Cette élection, attendue par les partenaires économiques du pays, intervient dans un contexte où la junte a multiplié les signaux de continuité de l’État ces dernières années, surtout dans les secteurs stratégiques comme les mines, pilier de l’économie guinéenne. Mamadi Doumbouya a notamment supervisé le développement rapide puis la mise en service du gisement de fer Simandou, après des décennies d’attente. Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’économie guinéenne devrait croître de 7,2 % en 2025 et accélérer à 10,5 % en 2026.
Emiliano Tossou