Santé : les USA élargissent leur offensive d’accords bilatéraux à de nouveaux pays en Afrique

Publié le 24/12/2025

Washington étend son nouveau modèle d’aide sanitaire bilatérale, fondé sur le cofinancement, des objectifs mesurables et des sanctions en cas de non-performance. Après le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda, Madagascar, la Sierra Leone, le Botswana et l’Éthiopie rejoignent ce cadre.

Le mardi 23 décembre, les États-Unis ont signé quatre nouveaux mémorandums d’entente en matière de santé avec Madagascar, la Sierra Leone, le Botswana et l’Éthiopie, pour un montant cumulé d’environ 2,3 milliards de dollars sur cinq ans. Washington y engagera près de 1,4 milliard de dollars, tandis que les pays partenaires se sont engagés à mobiliser plus de 900 millions de dollars de ressources nationales.

Ces accords viennent élargir un dispositif lancé début décembre 2025 avec le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda, confirmant l’accélération d’un nouveau format d’aide sanitaire bilatérale américaine en Afrique. Ce plan repose sur une architecture commune : il fixe des objectifs précis, des calendriers d’exécution stricts et des mécanismes de suivi assortis de conséquences explicites en cas de non-respect des engagements.

Le département d’État met en avant une approche orientée vers les résultats, visant à garantir que l’aide américaine produise des effets mesurables, tout en réduisant la dépendance structurelle des pays bénéficiaires.

Cette batterie de financements arrive à point nommé, notamment pour Madagascar, qui a récemment opéré une coupe budgétaire dans le financement consacré au secteur. La loi de Finances adoptée le mois dernier a en effet prévu une part de 5,4 % du budget pour la santé en 2026, contre 6,5 % en glissement annuel, bien loin de la recommandation des 15 % de la Déclaration d’Abuja.

Dans les faits, le plan implique une réduction relative de l’effort financier américain, une exigence renforcée de cofinancement national et un recentrage sur des accords de gouvernement à gouvernement, au détriment des mécanismes multilatéraux et du rôle traditionnel des organisations non gouvernementales. Washington part du constat que, malgré plus de 175 milliards de dollars investis depuis 2001 dans l’aide sanitaire internationale, une part significative des financements a soutenu des systèmes parallèles jugés insuffisamment durables.

Avec l’entrée de Madagascar, de la Sierra Leone, du Botswana et de l’Éthiopie, l’Afrique s’affirme comme le principal terrain d’expérimentation de ce modèle, qui pourrait s’étendre à d’autres pays au prix d’engagements financiers et institutionnels plus contraignants.

Olivier de Souza

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