Apple visée par une nouvelle plainte sur l’origine de ses minerais

Publié le 27/11/2025

Un groupe américain poursuit Apple pour l’usage présumé de minerais congolais liés à des abus et à des groupes armés. La RDC mène aussi des actions en Europe. Apple nie tout lien et affirme avoir stoppé ses approvisionnements en RDC et au Rwanda.

Apple fait face à une nouvelle plainte déposée à Washington concernant l’origine présumée de certains minerais utilisés dans ses produits, un dossier qui s’ajoute aux actions déjà engagées par la RDC en Europe sur le même sujet. À Washington, l’organisation américaine International Rights Advocates a déposé une plainte accusant la société californienne d’intégrer dans ses produits du cobalt, de l’étain, du tantale et du tungstène, liés à des violations des droits humains et à des groupes armés actifs en RDC et au Rwanda.

La plainte évoque des fonderies chinoises, notamment Ningxia Orient, JiuJiang JinXin et Jiujiang Tanbre, qui auraient traité du coltan provenant de mines passées sous le contrôle de groupes armés dans l’est congolais avant d’être acheminé en contrebande via le Rwanda. Ces circuits avaient déjà été documentés par des enquêtes de l’ONU et de Global Witness.

Le dossier cite également une étude de l’Université de Nottingham, publiée en 2025, faisant état de travail forcé et de travail d’enfants dans certains sites miniers liés à la chaîne d’approvisionnement du fabricant américain. Les plaignants demandent à la justice de constater une violation du droit de la consommation et de mettre fin aux pratiques jugées trompeuses, sans solliciter de dommages-intérêts.

Ce nouveau contentieux se développe alors que la RDC a engagé des démarches similaires en Europe. En avril 2024, Kinshasa avait mis en demeure Apple d’expliquer l’origine des minerais dits « 3T » (étain, tantale, tungstène). Plusieurs mois plus tard, des plaintes pénales ont été déposées en France et en Belgique pour recel de minerais issus de conflits, blanchiment et pratiques commerciales trompeuses. Paris a classé l’affaire en décembre faute d’éléments suffisants, tandis que la procédure belge reste en cours d’examen. Les autorités congolaises affirment que des minerais extraits illégalement au Nord-Kivu sont blanchis par des circuits internationaux après un transit par le Rwanda.

Apple rejette l’ensemble des accusations. L’entreprise assure qu’il n’existe aucun élément démontrant un financement de groupes armés par son réseau de fournisseurs et souligne avoir demandé en 2024 à toutes ses fonderies et raffineries de cesser tout approvisionnement en provenance de la RDC et du Rwanda. La société indique aussi que 76 % du cobalt intégré à ses appareils provenait du recyclage en 2024.

Les procédures ouvertes aux États-Unis et en Belgique pourraient amener les juridictions américaine et européennes à préciser les obligations de diligence et de traçabilité des multinationales, tout en renforçant la pression pour des audits indépendants plus stricts afin de vérifier la conformité réelle de leurs chaînes d’approvisionnement.?

Olivier de Souza

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