Le Sénégal a revu son PIB à la hausse de 13,5 % après le rebasage des comptes nationaux, qui intègre de nouvelles activités et améliore plusieurs indicateurs clés, dont le ratio d’endettement. Mais la mesure ne sera pas suffisante pour résorber la crise de la dette en cours.
L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du Sénégal a annoncé mardi le passage des comptes nationaux à une nouvelle année de base, 2021, au lieu de 2014, entraînant une révision à la hausse de 13,5 % du produit intérieur brut (PIB).
Selon l’ANSD, la valeur du PIB 2021 passe ainsi de 15 261 milliards à 17 316 milliards FCFA (environ 30,5 milliards USD), une évolution liée à l’intégration de nouvelles données, de nouvelles nomenclatures et de secteurs auparavant mal mesurés ou non comptabilisés.
Parmi les activités désormais incluses figurent le transport informel (motos-taxis “Jakarta”), l’orpaillage artisanal, la filière anacarde, l’hydraulique rurale, ainsi que certaines activités illégales telles que la prostitution et le trafic de drogue, conformément aux recommandations du Système de comptabilité nationale (SCN 2008). L’objectif est de mieux refléter la structure réelle de l’économie sénégalaise.
La révision modifie sensiblement la composition du PIB. Le secteur tertiaire représente désormais 53,4 % de l’économie, contre 50,5 % avec l’ancienne base. Le secondaire recule à 22,6 % (contre 23,9 %) et le primaire à 15,4 % (contre 15,6 %). Les taxes nettes diminuent de 10 % à 8,7 % du PIB.
Le rebasage améliore également plusieurs indicateurs de convergence. Le taux d’endettement public ressort à 80 % du PIB en 2021, contre 90,8 % auparavant. Le taux de pression fiscale s’établit à 15,9 %, au lieu de 18 %, tandis que le déficit budgétaire est ramené de 13,3 % à 11,8 % du PIB. Le solde courant, lui, passe de -12,1 % à -10,7 %.
Mais si le rebasage ne règle pas les besoins de financement du pays, il atténue néanmoins la perception de la dette publique, alors que celle-ci a récemment été réévaluée à plus de 130 % du PIB lorsqu’on y intègre la dette des sociétés d’État. Le Sénégal devra en outre faire face en 2026 à un important mur de remboursement, lié notamment au service de sa dette extérieure.
Selon l’ANSD, cette mise à jour permet au Sénégal de se conformer aux standards statistiques internationaux et d’offrir aux autorités publiques « une base plus fiable » pour la planification économique, l’élaboration du budget et la comparaison avec les autres pays de la région.
Fiacre E. Kakpo