L'EXIM Bank américaine veut investir 100 milliards USD pour sécuriser des minerais, de l’énergie nucléaire et du gaz. 4?milliards USD iront à l’Égypte, soulignant le rôle important de ce pays pour la politique énergétique américaine.
Le 23 dimanche novembre, John Jovanovic (photo), président de l’agence américaine de crédit à l’exportation (Exim Bank), a annoncé que l’institution mobilisera jusqu’à 100 milliards USD pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement américaines et alliées dans les minerais critiques, le nucléaire et le gaz naturel. Parmi les premières initiatives, une garantie d’assurance-crédit de 4 milliards USD a été attribuée à l’Égypte pour sécuriser les livraisons de gaz par le groupe américain Hartree Partners, soulignant le rôle clé du pays nord-africain dans la politique énergétique de Washington.
L'Exim Bank a également confirmé un prêt de 1,25 milliard USD pour la mine pakistanaise de Reko Diq développée par Barrick Mining, ainsi que le financement de projets en Europe. « Nous ne pouvons rien accomplir d’autre dans ce que nous essayons de faire si ces chaînes d’approvisionnement fondamentales en matières premières critiques ne sont pas sécurisées, stables et opérationnelles. », a-t-il confié au Financial Times.
La présence de l’Égypte dans ce portefeuille initial s’explique par un déséquilibre énergétique devenu critique pour sa stabilité économique. La production nationale de gaz naturel poursuit son recul, et était estimée à 4,3 milliards de pieds cubes par jour en janvier dernier, contre une demande de 6,2 milliards. Le pays est d’ailleurs redevenu importateur net, notamment de flux israéliens : 15 cargaisons de GNL ont ainsi été importées au premier trimestre 2025, pour un total de 1,1 million de tonnes.
Les exportations se sont effondrées de 92 %, passant de 7,2 milliards USD à 605 millions USD en valeur entre 2022-23 et 2023-24, principalement en raison du déclin du champ Zohr dont la production a été divisée par deux depuis 2019. Malgré ces difficultés, les autorités poursuivent l’extension du réseau domestique. 572 000 foyers supplémentaires ont été raccordés, portant le total à 15,5 millions de ménages alimentés en gaz. L’Égypte accélère aussi ses efforts d’exploration, notamment en Méditerranée, en multipliant les accords avec BP, Shell, Eni, Arcius Energy et Zarubezhneft. Un plan de redressement vise à porter la production à 6,6 milliards de pieds cubes par jour d’ici 2027.
L’engagement américain répond à la politique énergétique de l’administration Trump qui favorise les grands projets fossiles, comme le montre la relance du financement de Mozambique LNG à hauteur de 4,7 milliards USD, après une pause sous Biden. L’inclusion de l’Égypte dans ces projets EXIM reflète cette stratégie qui consiste à sécuriser des flux jugés stratégiques et renforcer l’influence américaine sur les infrastructures énergétiques africaines et d'ailleurs.
La portée de cet appui dépendra désormais de la capacité de l’Égypte à stabiliser sa production et à attirer les investissements nécessaires pour rééquilibrer son système énergétique, tout en réduisant sa dépendance aux importations.
Olivier de Souza
Edité par : Feriol Bewa
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