L’usine, qui sera installée dans la zone économique du canal de Suez, devrait contribuer à approvisionner les usines locales en ammoniac et en hydrogène verts pour aider l’Egypte à répondre aux exigences du mécanisme européen d'ajustement carbone aux frontières.
Destiny Energy, un groupe singapourien spécialisé dans le développement et la gestion des projets énergétiques durables, prévoit d'implanter une usine de production d'ammoniac vert en Égypte, pour un investissement de 210 millions de dollars, selon un communiqué publié le mercredi 12 novembre par le gouvernement égyptien.
Le projet a été annoncé par le PDG de Destiny Energy, Vijay Sirse, lors d'une réunion avec le président de l'Autorité générale égyptienne pour l'investissement et les zones franches (GAFI), Hossam Heiba.
M. Sirse a précisé que l’usine, qui sera installée dans la zone économique du canal de Suez (SCZone), devrait produire 300 tonnes d'ammoniac vert et 53 tonnes d'hydrogène vert par jour, soit une capacité cumulée de plus de 100 000 tonnes par an. Elle s’appuiera sur des capacités d’énergie renouvelable, tant éoliennes que solaires, développées directement par Destiny Energy ou fournies dans le cadre de partenariats avec d'autres entreprises opérant dans la SCZone.
Le président de la GAFI a réaffirmé, à cette occasion, le soutien du gouvernement aux projets d'énergie propre, que ce soit par le biais d'incitations à l'investissement pouvant couvrir jusqu'à 55 % du coût d'investissement via des déductions fiscales sur sept ans, ou en offrant des possibilités de financement via la plateforme nationale du programme Nexus of Water, Food, and Energy (NWFE), qui vise à produire 10 gigawatts (GW) de capacités renouvelables d’ici 2028 et à soutenir la décarbonation industrielle.
Il a également fait remarquer que l'approvisionnement des usines locales en ammoniac vert contribuera à réduire l'empreinte carbone des produits exportés, et de répondre aux exigences du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM) de l'Union européenne (UE), améliorant ainsi l'accès au marché de ce bloc qui reste le premier partenaire commercial de l'Égypte.
Plus connu sous l’appellation de taxe carbone européenne, le CBAM imposera des taxes sur les importations en Europe de produits à forte intensité de carbone. Il a été mis en œuvre le 1er octobre 2023, avec une période de transition de trois ans au cours de laquelle seules les obligations de déclaration s'appliqueront. Les paiements ne seront exigés qu’à partir de 2026.
Cette taxe, qui s’appliquera dans une première étape à sept secteurs (ciment, acier, fer, aluminium, engrais, électricité et hydrogène), s’impose à la fois comme un levier pour atteindre l'objectif de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) et comme une mesure de défense commerciale. Elle vise, en effet, à rendre plus équitables les conditions de concurrence entre les entreprises de l’UE et celles des pays tiers en attribuant un prix du carbone à certains produits importés.
Walid Kéfi
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