Transform Africa Summit 2025 : la Guinée des mines se projette aussi en gisement de talents numériques

Publié le 13/11/2025

Une main-d’œuvre qualifiée n'est plus simplement un moteur de compétitivité, mais un levier de souveraineté et d'influence. Dans un contexte de transformation numérique mondiale, la Guinée l’a compris et se donne les moyens de devenir une terre d’attractivité à l’international.

La 7? édition du Transform Africa Summit (TAS 2025), organisée par Smart Africa et le gouvernement guinéen, a ouvert ses portes mercredi 12 novembre 2025 à Conakry, en Guinée, sur le thème : « IA pour l’Afrique : innover localement, impacter globalement ».

L’événement qui se tient pour la première fois en Afrique de l’Ouest, seulement 24 heures après l’inauguration officielle de l’exploitation du gisement de fer de Simandou et du Transguinéen (le réseau ferroviaire destiné à acheminer le minerai jusqu’au port), a une signification forte pour la Guinée. « Deux symboles, un seul message : notre pays entre dans une nouvelle ère. Notre richesse ne se limite plus à ce que renferme notre sous-sol, mais se trouve désormais aussi dans les talents, les idées et les connexions », a déclaré Rose Pola Pricemou, la ministre guinéenne des Postes, des Télécommunications et de l'Économie numérique, lors de la cérémonie d’ouverture.

En accueillant le Transform Africa Summit qui s’achève le vendredi 14 novembre 2025, la Guinée assume donc un choix de diversification économique où l’éclosion du secteur numérique soutenue par Simandou, occupe une place prépondérante. L’appropriation de technologies de rupture comme l’Intelligence artificielle, riche d’opportunités, étant fortement encouragée. « L’intelligence artificielle n’est pas seulement une technologie, mais une révolution de civilisation. Elle redéfinit nos systèmes de santé, d’éducation, d’économie et jusqu’à notre manière d’imaginer l’avenir. Pour la Guinée et pour l’Afrique, il ne s’agit pas de la subir, mais de la conduire, en l’ancrant dans nos valeurs, nos langues et nos priorités », a soutenu la ministre. Pour parvenir à ses objectifs en matière de dividende numérique, la Guinée projette de nombreux investissements : développement des infrastructures numériques, formation des talents et soutien à l’innovation

Des investissements au service du numérique

Sans infrastructures, point d’économie numérique dans laquelle valoriser le savoir-faire guinéen. Pour renforcer les fondations de l’écosystème numérique local, le gouvernement entend accélérer les actions entreprises ces dernières années, qui se traduisent aujourd’hui par plus de 12 000 km de fibre optique déployés, la construction d’un centre de données Tier III, et le raccordement en cours à un second câble sous-marin de fibre optique pour enrichir les capacités du pays fournies par le système ACE. Rose Pola Pricemou a également annoncé des interconnexions par fibre optique effectives avec le Mali, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire. L’interconnexion avec le Sénégal est prévue et des discussions avancées sont en cours avec le Liberia et la Guinée-Bissau.

Sans savoir-faire guinéen, les infrastructures numériques sont vides de sens. La formation des jeunes aux compétences numériques est présentée comme une urgence nationale. L’objectif est clair : faire émerger un vivier de développeurs, data scientists, designers et spécialistes en cybersécurité capables de porter la future offre numérique du pays. Le soutien à l’innovation est tout aussi important. Il s’agit de favoriser l’essor de champions locaux de la Tech, notamment dans l’intelligence artificielle, compte tenu de son importance. Le gouvernement, qui prépare la construction d’une technopole nationale conçue comme un centre d’innovation majeur en Afrique de l’Ouest, a déjà déployé des hubs numériques dans chaque capitale régionale. Ces infrastructures servent de pôles d’innovation et de formation pour la jeunesse guinéenne.

L’intérêt de la Guinée pour le développement d’une niche de talents numériques épouse la vision du grand programme de transformation du pays : Simandou 2040 fort de 122 projets et 36 réformes phares structurés autour de cinq piliers identifiés. Le pilier 3 qui consacre les investissements dans les infrastructures, les transports et les technologies ouvre des opportunités.

Séduire le monde avec une main-d’œuvre qualifiée

A travers une jeunesse compétente, source de richesse, la Guinée multiplie aussi ses chances de se positionner sur la carte des créateurs de services à valeur ajoutée. Il lui est aussi ouvert la possibilité de rejoindre le rang des exportateurs de solutions numériques dans le monde, à l’image de l’Égypte, qui revendique 4,8 milliards de dollars de revenus générés par ce secteur en 2025. Développement d’applications, solutions de paiement, services de cybersécurité, plateformes d’analyse de données ou production de contenus numériques : autant d’expertises que la Guinée pourra valoriser pour attirer des investisseurs internationaux.

Reste que la réussite de ce pari dépendra de plusieurs conditions : la stabilité du cadre réglementaire, la transparence dans la gestion des revenus miniers, l’investissement effectif dans les projets annoncés, mais aussi dans les secteurs connexes et cruciaux pour la transformation numérique, comme l’énergie nécessaire au fonctionnement des infrastructures et des data centers.

En liant symboliquement Simandou et le Transform Africa Summit, Conakry tente d’écrire une nouvelle histoire : celle d’un pays qui veut convertir son « or rouge » en dividende numérique, et hisser la Guinée au rang des économies développées d’Afrique, au cours des quinze prochaines années.

Muriel Edjo

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