Sous l’effet des tensions géopolitiques et des incertitudes économiques qui ont incité les investisseurs à chercher des valeurs refuges, les prix de l’or et de l’argent ont établi des records historiques durant l’année 2025. Pendant les prochains mois, la situation ne devrait pas beaucoup évoluer.
L’indice des prix des métaux précieux de la Banque mondiale devrait augmenter de 41 % en glissement annuel cette année, avant une hausse supplémentaire de 6 % en 2026. Ce n’est qu’en 2027 que cet indice enregistrerait un recul de 6 %, selon les prévisions contenues dans la dernière édition du rapport « Commodity Markets Outlook », publiée fin octobre 2025 par l’institution de Bretton Woods.
Comme il fallait s’y attendre, cette progression est tirée principalement par l’or et l’argent, dont les prix ont atteint des sommets historiques en 2025. Début octobre, le cours du métal jaune a franchi la barre des 4000 dollars l’once, tandis que l’argent s’est négocié à plus de 51 dollars l’once, une première depuis 1980. Selon la Banque mondiale, la demande d’investissement a été le principal moteur de cette hausse, alimentée par les tensions géopolitiques, les incertitudes macroéconomiques et l’assouplissement de la politique monétaire américaine, dans un contexte de dollar affaibli.
Le rapport note que la demande mondiale d’or a bondi de 13 % au premier semestre 2025, soutenue par un afflux massif vers les ETF (fonds indiciels cotés) adossés à l’or, alors que les achats des banques centrales ont ralenti. « Après la forte hausse de 2025, les prix de l’or devraient progresser plus modérément, de 5 % en 2026, soutenus par la poursuite (bien que ralentie) des achats des banques centrales et par les attentes d’un nouvel assouplissement monétaire aux États-Unis », souligne l’institution.
L’argent bénéficie quant à lui d’un double rôle de valeur refuge et de matière stratégique pour les secteurs des énergies renouvelables et des semi-conducteurs. La Banque mondiale prévoit une progression de 34 % des prix en 2025, suivie d’une progression de 8 % en 2026, avant un repli de 10 % en 2027. De son côté, le platine profite d’une offre limitée en Afrique du Sud, premier producteur mondial, et d’une reprise modérée de la demande industrielle. Après une hausse attendue de 29 % en 2025, ses prix continueraient à progresser de 4 % en 2026 et de 2 % en 2027.
Malgré quelques disparités dans l’ampleur des évolutions, notons que ces prévisions de la Banque mondiale rejoignent celles d’autres analystes. Bank of America et Société Générale estiment ainsi que l’or pourrait atteindre 5000 dollars l’once d’ici fin 2026, contre 4500 et 4900 dollars l’once, respectivement pour Morgan Stanley et Goldman Sachs. Metals Focus prévoit par ailleurs un prix moyen de 1670 dollars l’once pour le platine en 2026, soit une hausse de 34 % par rapport à 2025, indique Investing News Network. Quant à l’argent, Bank of America voit son prix atteindre 65 dollars l’once l’année prochaine, avec un cours moyen de 56,25 dollars.
Pour la Banque mondiale, les risques sur les métaux précieux demeurent orientés à la hausse. La persistance des tensions géopolitiques ou une dégradation des conditions macroéconomiques mondiales pourraient propulser les prix de l’or et de l’argent au-delà des projections actuelles. À l’inverse, un resserrement monétaire américain plus marqué ou un apaisement durable des tensions mondiales pourraient peser sur la demande de valeur refuge et entraîner une correction des cours.
Emiliano Tossou
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