Alors que les Seychelles restent la principale destination des investissements, les jeunes pousses spécialisées dans les services financiers centralisées comme les plateformes d’échange de cryptomonnaies et les sociétés de paiement ont accaparé plus de 40% du total des levées de fonds de start-up africaines focalisées sur la blockchain durant l’année écoulée.
Les start-up africaines opérant dans les domaines de la blockchain ont levé 122,5 millions de dollars en 2024, en baisse de 36% par rapport à 2023, selon un rapport publié le mardi 8 juillet 2025 par Crypto Valley Venture Capital (CV VC), une société de capital-risque basée en Suisse, en collaboration avec le groupe bancaire sud-africain Absa.
Intitulé « African Blockchain Report 2025 », le rapport précise que les levées de fonds de cette catégorie de jeunes pousses actives sur le continent ont enregistré une deuxième baisse annuelle consécutive depuis le pic de 474 millions de dollars atteint en 2022. Le continent n’a ainsi représenté qu’environ 1% de l’ensemble des financements captés par l’industrie de la blockchain à l’échelle mondiale, l’an passé (12,1 milliards de dollars).
Le nombre de transactions impliquant des start-up blockchain africaines a cependant augmenté de 15% durant l’année écoulée, pour s’établir à 30 deals, soit 2,3% du total des transactions recensées à l’échelle planétaire. Le secteur a capté 7,4% du total des financements et 12,7% des transactions réalisées par l’ensemble des start-up africaines (tous secteurs confondus) durant l’année écoulée contre 7% et 7,3% respectivement en 2023.
La hausse des transactions reflète notamment la hausse des opportunités d’investissement qui existent durant la phase d’amorçage (tours pré-seed et seed) dans l’écosystème africain. La taille médiane des transactions a augmenté de 10% l’an passé comparativement à l’année précédente pour atteindre 2,8 millions de dollars.
Le rapport révèle par ailleurs que Yellow Card a réalisé le plus grand tour de table impliquant une start-up opérant dans les domaines de la blockchain en Afrique en 2024, en mobilisant 33,2 millions de dollars. Ce tour de table de série C mené par Blockchain Capital a porté le total des financements en equity levés par la plateforme d’échange de cryptomonnaies à 85 millions de dollars, ce qui en fait la jeune pousse blockchain la mieux financée sur le continent.
Les Seychelles tiennent le haut du pavé
La répartition par pays des fonds levés par les jeunes pousses africaines du secteur l’an passé montre que des start-up opérant dans cinq pays ont attiré des investissements. Les Seychelles arrivent en tête avec 38,8 millions de dollars, devant l’Afrique du Sud (22,5 millions de dollars). Ces deux pays ont accaparé ensemble près de 71% des investissements en capital-risque dans cette catégorie de start-up en 2024. Viennent ensuite le Nigeria (18,8 millions de dollars), le Kenya (5,9 millions) et le Maroc (1,5 million). 34,7 millions de dollars ont été par ailleurs levés par des entités panafricaines.
La prédominance des Seychelles s’explique essentiellement par leur forte attractivité pour les plateformes d’échange de cryptomonnaies, grâce à un cadre réglementaire favorable, un système fiscal avantageux et la présence de plusieurs géants internationaux du secteur, tels que KuCoin et OKX.
La répartition des investissements en capital-risque dans les jeunes pousses africaines de la blockchain par segment d’activité fait ressortir que les entités spécialisées dans les services financiers centralisées comme les plateformes d’échange de cryptomonnaies et les sociétés de paiement ont accaparé la part du lion avec 49,6 millions de dollars (40,5%). Ces start-up sont talonnées par les pépites opérant dans les domaines de la finance décentralisée (29,6%) ; de la gestion des données, la vérification et l’analyse (19,9%), du gaming, jetons non fongibles & métaverse (5,7%) ; et des infrastructures & développement (4,3%).
La ventilation des investissements par type de levées de fonds révèle que 41% des levées de fonds ont été réalisées en seed (premier tour de table) et pré-Seed (capital amorçage), 25% en financements préliminaires de série A et B et 33% à des stades plus avancés (série C et au-delà).
Walid Kéfi
Edité par M.F. Vahid Codjia
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