Comment le Nigeria a attiré 700 millions $ dans le gaz naturel comprimé (GNC)

Publié le 02/02/2025

1er producteur africain de pétrole brut, le Nigeria détient aussi les plus grandes réserves de gaz du continent. Bien que jugé sous-exploité, ce potentiel présente des opportunités, notamment dans le gaz naturel comprimé (GNC). Ces dernières années, le pays s’est engagé dans la monétisation de cette ressource, pourtant marginale au départ.

Le Nigeria a attiré 700 millions USD d’investissements en 2024 dans la monétisation du gaz naturel comprimé (GNC), combustible obtenu par compression à haute pression du gaz naturel et servant notamment de carburant aux véhicules. En décembre 2024, la Presidential GNC Initiative (Pi-CNG), initiative du gouvernement pour promouvoir l’utilisation du GNC, a indiqué avoir investi plus de 450 millions USD dans ce segment gazier. Des chiffres qui y traduisent une progression significative du financement.

Comment expliquer cette performance du Nigeria avec cette ressource auparavant considérée comme marginale?? La réponse tient à une combinaison de facteurs au premier rang desquels se trouve l’engagement politique des administrations.

Une impulsion politique forte pour structurer la filière

C’est le 1er facteur permettant d’expliquer la hausse des investissements dans le GNC du pays ouest-africain. Le gouvernement nigérian fait en effet montre d’une volonté de prioriser cette ressource comme solution bas carbone pour élargir l’accès national à l’énergie. Cette volonté se traduit essentiellement dans le programme Nigeria’s Decade of Gas Initiative, lancé sous l’administration Buhari en 2021 avec pour objectif de «?transformer le Nigeria en une économie alimentée par le gaz d’ici 2030, grâce à une série de réformes politiques, au développement des infrastructures et à des stratégies d’attraction des investissements?».

A son arrivée en 2023, le président Bola Tinubu a repris le flambeau, accélérant la poursuite des objectifs fixés dans le cadre de cette initiative. Concrètement, son régime a adopté plusieurs mesures d’incitation à la consommation du GNC. La suppression de la subvention des carburants et ses effets haussiers sur les coûts du transport représentent l’un des facteurs phares impulsant cette dynamique. Des exonérations fiscales pour les entreprises investissant dans les technologies liées au gaz naturel y ont également contribué.

À ceci s’ajoute la décision prise en septembre 2024 de fixer le prix du litre de GNC pour les véhicules à 230 nairas (environ 0,14 $), offrant ainsi une alternative jugée à la fois plus abordable et écologique que l’essence habituelle.

Une stratégie inclusive pour les acteurs du secteur énergétique

Aux mesures politiques encourageant les investissements dans le segment GNC se sont associés des efforts de mise en place d’infrastructures dédiées à la monétisation du combustible. C’est ainsi que l’État a lancé à Lagos et à Abuja 12 stations de GNC d’une capacité de fourniture quotidienne combinée de plus de 6 millions de pieds cubes standard (MMSCF). Une réalisation qui s’inscrit dans le cadre d’un programme plus large visant à construire 35 stations de GNC à travers le pays.

Parallèlement, les autorités se sont engagées dans un projet visant à convertir plus de 1 million de véhicules au GNC d’ici 2027. Un ambitieux projet qui suscite l’engouement de plusieurs acteurs au bien locaux qu’internationaux. C’est le cas de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) qui s’est associée à sa compatriote NIPCO Gas pour favoriser la disponibilité et l’adoption du GNC par les véhicules.

Dans le même sillage, le gouvernement nigérian a franchi mardi 28 janvier une nouvelle étape dans cette dynamique, en attribuant 10 licences de distribution de gaz (GDL) à 6 entreprises majeures dont la NNPC Gas Marketing Ltd, Shell Nigeria Gas Ltd et NIPCO Plc.

La transition énergétique toujours en ligne de mire

En mars 2024, les autorités nigérianes avaient déclaré rechercher un financement de 2,5 milliards USD pour mettre en œuvre le projet de conversion de véhicules susmentionné. Une quête d’investissements privés appuyée par la formation de 1000 mécaniciens automobiles à la conversion de véhicules, qui suggère la volonté de l’Etat de poursuivre ses efforts de promotion de l’utilisation du GNC.

La démarche s’inscrit par ailleurs dans une dynamique de transition énergétique. Avec l’augmentation attendue du nombre de véhicules au GNC et de stations de ravitaillement, ce combustible se positionne pour devenir une alternative courante aux carburants traditionnels. Une transition qui pourrait non seulement réduire les coûts de transport pour les Nigérians, mais aussi diminuer les émissions de gaz à effet de serre, contribuant ainsi aux objectifs climatiques du pays.

Abdel-Latif Boureima

Edité par : Feriol Bewa

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