Le Cameroun annonce des mesures contre la contrebande d'or vers les Émirats arabes unis

Publié le 30/12/2025

Malgré un potentiel aurifère significatif, le Cameroun ne compte pas de mines d’or industrielles et dépend des artisans miniers. La part de la production de ces acteurs qui passe à travers les canaux officiels est évaluée en kilogrammes, alors que la contrebande d’or se chiffre en tonnes.

Au Cameroun, le gouvernement veut fermer dès janvier 2026 certains sites d’exploitation minière artisanale et semi-mécanisée de l’or (ASM), afin de lutter contre la contrebande. Cette mesure annoncée lundi 29 décembre par le ministre des Mines Fuh Calistus Gentry intervient après la publication plus tôt ce mois d’un rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), qui a identifié un écart de 15 tonnes entre les exportations officielles du pays et l’or importé depuis le Cameroun, notamment par les Emirats arabes unis.

Outre la fermeture des sites ASM qui ne disposent pas d’un « système de traitement de gravier minéral en vase clos », le gouvernement camerounais envisage de renforcer le contrôle de la production via la SONAMINES, compagnie nationale chargée d’acheter la production locale. Alors que le Cameroun ne compte actuellement aucune mine d’or industrielle en activité, les autorités veulent favoriser le développement de l’exploitation minière industrielle, dont les flux sont plus faciles à contrôler.

Le rapport de l’ITIE indique que le Cameroun a exporté officiellement 22,3 kg d’or en 2023. La même année, les statistiques internationales montrent que des pays ont importé 15,2 tonnes d’or du Cameroun, dont plus de 90 % ont été importées par les Émirats arabes unis.

Avec le marché de l’or à Dubaï, ce pays s’est en effet imposé comme une plaque tournante internationale pour le négoce du métal jaune, dont une partie provient de sources opaques. Selon l’ONG SWISSAID, qui s’appuie sur des statistiques onusiennes, les Émirats arabes unis ont importé 748 tonnes d’or africain en 2024, soit plus de la moitié des importations du pays.

« L’or produit au Cameroun provient essentiellement de l’artisanat minier et de l’artisanat semi-mécanisé qui se meut comme dans d’autres pays africains, sans étude de faisabilité préalable pouvant permettre à l’État d’anticiper sur la production attendue », souligne le ministre Fuh Gentry. Il ajoute que la porosité des frontières terrestres favorise aussi la contrebande de l’or produit dans les pays voisins et exporté aux « Émirats arabes unis au nom du Cameroun, comme pays d’origine ».

S’il faudra attendre la mise en œuvre des mesures annoncées par le ministre avant d’évaluer leur efficacité dans les prochains mois, certains pays africains enregistrent déjà des succès dans leur stratégie de contrôle renforcée de la production d’or artisanale et à petite échelle. C’est le cas du Burkina Faso, qui s’est attelé à formaliser davantage les mineurs artisanaux et à renforcer les moyens de la Société Nationale des Substances Précieuses (SONASP). Chargée d’acheter l’or ASM, cette dernière a collecté 29,56 tonnes sur les neuf premiers mois de 2025, contre 5,57 t pour la période correspondante en 2024.

Emiliano Tossou

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