Le Nigeria mise sur l’entrée en service prochaine du gazoduc AKK pour soutenir l’industrialisation du Nord

Publié le 29/12/2025

En annonçant l’achèvement du soudage du gazoduc AKK, la compagnie publique nigériane NNPC a franchi une étape clé d’un projet longtemps retardé. Cette infrastructure est présentée comme un levier pour renforcer le marché intérieur du gaz et soutenir le développement industriel du nord du pays.

Dimanche 28 décembre, le directeur général de la Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPC), Bashir Ojulari (photo), a annoncé la finalisation du soudage de la conduite principale du gazoduc Ajaokuta-Kaduna-Kano. La traversée du fleuve Niger, considérée comme l’un des principaux points de blocage techniques du projet, est désormais achevée. Cette avancée doit permettre le raccordement de l’infrastructure au réseau gazier au début de l’année 2026 et l’acheminement du gaz vers Kaduna, Kano, Abuja et Ajaokuta.

À l’issue d’une rencontre avec le président Bola Tinubu, le dirigeant de la NNPC a souligné que le projet dépassait le seul enjeu énergétique. Selon lui, le gazoduc est appelé à soutenir le développement d’industries consommatrices de gaz, notamment dans la production d’électricité, les engrais et les activités industrielles implantées le long du tracé.

Conçu dès 2008, le gazoduc AKK, dont le coût est estimé à environ 2,8 milliards de dollars, occupe une place centrale dans la stratégie nigériane de valorisation du gaz naturel. Le nord du pays, confronté à des déficits chroniques d’infrastructures énergétiques, est présenté par les autorités comme l’un des principaux bénéficiaires du projet.

Faisant partie des principaux producteurs de gaz en Afrique avec l’Algérie et l’Égypte, le Nigeria cherche à mieux exploiter ses 209 trillions de pieds cubes de réserves prouvées. Toutefois, la dynamique du secteur reste contrastée. Malgré plusieurs projets annoncés, la production nationale de gaz a reculé de 1,2 % entre 2022 et 2023, selon l’Initiative nigériane pour la transparence dans les industries extractives. Une part significative du gaz extrait continue par ailleurs d’être torchée, en raison de capacités de transport et de traitement encore insuffisantes.

Le projet AKK s’inscrit dans un ensemble plus large de réformes, incluant l’application du Petroleum Industry Act de 2021, le programme de commercialisation du gaz torché et la promotion du gaz naturel comprimé pour les usages domestiques. Sans avancées tangibles sur l’ensemble de ces chantiers, la contribution du gazoduc à la transformation industrielle du nord du Nigeria pourrait rester en deçà des ambitions affichées.

Olivier de Souza

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