
En milieu d’année, la Guinée a procédé à une vague de retraits de permis miniers, y compris ceux appartenant à plusieurs producteurs de bauxite. Ces derniers contestent depuis les raisons de leur éviction.
Après le retrait massif de permis miniers plus tôt cette année, la Guinée fait face à des contestations répétées de la part des compagnies qui s’estiment lésées. La dernière en date est la société émiratie Axis Minerals, qui a annoncé lundi 29 décembre l’ouverture d’une procédure d’arbitrage contre l’État guinéen, à qui elle réclame 28,9 milliards de dollars.
Selon les détails communiqués par la compagnie, la procédure d’arbitrage a été initiée le jour de Noël, soit le 25 décembre 2025, devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). La compagnie s’appuie à la fois sur le Traité bilatéral d’investissement de 2011 entre la Guinée et les Émirats arabes unis et sur le Code des investissements guinéen de 1995. Son recours survient après plusieurs tentatives de règlement à l’amiable « ignorées » par le gouvernement guinéen.
Au moment de la publication, cette affaire ne figure pas encore sur le site web du CIRDI qui retrace tous les dossiers en cours, notamment plusieurs procédures initiées en cette fin d’année contre la Guinée, dans le secteur minier.
Axis Minerals estime que les autorités ont illégalement mis fin à ses droits miniers sur ce qu’elle présente comme le deuxième site d’exploitation de bauxite du pays, avec 16 millions de tonnes exportées entre janvier et le 14 mai 2025, date de l’annonce du retrait du permis par Conakry.
Comme pour des dizaines d’autres permis miniers retirés, le gouvernement guinéen reprochait à Axis Minerals Resources, filiale locale de la compagnie émiratie, de ne pas respecter ses engagements. Une version contestée par Axis, qui affirme exploiter le site depuis 2020, avec plus de 250 millions de dollars investis.
« La justification avancée pour la révocation du permis minier – à savoir que la mine n’était pas opérationnelle ou qu’elle était sous-exploitée – ne correspond tout simplement pas à la réalité. Comme nous le démontrerons au tribunal, la Guinée est responsable de l’intégralité des dommages et intérêts résultant de ses actes illicites délibérés », explique Gunjan Sharma, l’un des avocats engagés par Axis.
Avant l’ouverture de cette procédure, qui peut s’étaler sur des années si les deux parties ne parviennent pas à un accord à l’amiable, notons qu’Axis a déjà annoncé une procédure d’arbitrage à New York, où elle réclame 1 milliard de dollars à Conakry.
Emirates Global Aluminium (EGA), une autre compagnie victime des retraits de permis, aurait également menacé de lancer des poursuites judiciaires. Le gouvernement lui reprochait notamment de ne pas avancer sur les plans de construction d’une raffinerie d’alumine.
Premier exportateur mondial de bauxite avec 145 millions de tonnes expédiées en 2024, la Guinée a en effet décidé de transformer localement le minerai et met la pression sur les producteurs pour qu’ils concrétisent des projets de raffinerie.
Si EGA conteste aussi les raisons du retrait de son permis, elle serait néanmoins en négociation avec le gouvernement pour un accord, impliquant la possibilité de s’approvisionner en bauxite auprès de la compagnie minière nationale qui a récupéré ses titres miniers, selon des sources proches du dossier relayées par Reuters à la mi-décembre.
Emiliano Tossou
Édité par Ubrick F. Quenum
