La Côte d’Ivoire veut renforcer sa base de production de caoutchouc naturel

Publié le 24/12/2025

La Côte d’Ivoire est le premier producteur africain de caoutchouc naturel et le 3? au plan mondial après la Thaïlande et l’Indonésie. Avec une demande internationale qui ne cesse de croître, le pays souhaite augmenter davantage ses capacités de production.

En Côte d’Ivoire, le gouvernement envisage de créer 500?000 hectares supplémentaires de plantations d’hévéa sur une période de 10 ans. C’est ce qui ressort de l’Assemblée générale de l’Association des producteurs pour la redynamisation de l’hévéaculture en Côte d’Ivoire (APRHE?CI), tenue le 20 décembre 2025, selon les informations relayées par l’Agence ivoirienne de presse (AIP).

D’après Dagniny Doukouré, président du conseil d’administration de l’APRHE, ce nouveau projet illustre la volonté du gouvernement de répondre à une demande mondiale croissante en caoutchouc naturel, principal produit issu de la culture d’hévéa.

Cette annonce s’inscrit dans un contexte où l’APRHE, qui regroupe plus de 12?000 producteurs, tente de remobiliser ses membres avec la mise en place de formations techniques (saignée, greffage, piquetage, planting optimisé) et la création d’une nouvelle coopérative baptisée COOP?AWALEY, destinée à mutualiser la production et renforcer le poids des producteurs sur le marché.

Il faut noter que la superficie consacrée à la culture d’hévéa en Côte d’Ivoire a augmenté de 3 %, passant de 701?481 hectares en 2019 à 722?502 hectares en 2023, d’après les données du Conseil Hévéa?Palmier à huile (CHPH). Sur la période considérée, la filière a enregistré une croissance notable de ses performances sur le segment des exportations.

D’après les statistiques du commerce extérieur compilées par la Direction générale des douanes, les expéditions ivoiriennes de caoutchouc naturel ont plus que doublé, passant de 876?200 tonnes en 2019 à 1,87?million de tonnes en 2023. Parallèlement, les recettes d’exportation ont également plus que doublé pour s’élever à 1244?milliards de francs CFA (2,23 milliards $) en 2023 contre 531?milliards de francs CFA en 2019.

Plus largement, cette embellie a permis à la filière de consolider sa position de deuxième source de recettes d’exportation agricole de la Côte d’Ivoire après le cacao.

Des perspectives prometteuses sur le marché international

L’enjeu pour Abidjan d’accélérer sur la production de caoutchouc naturel sera notamment de tirer parti de la demande croissante sur le marché international, appelée à se maintenir au cours des prochaines années. Dans son dernier rapport Commodities Markets Outlook publié en octobre dernier, la Banque mondiale estime par exemple que la demande de caoutchouc naturel a augmenté de 2 % sur la période de 12 mois jusqu’en septembre 2025.

Selon la société privée de conseil et d’études de marché Mordor Intelligence, basée en Inde, la taille du marché mondial du caoutchouc naturel est estimée à 48,5?milliards $ en 2025 et devrait croître de 4,58 % par an en moyenne pour atteindre 60,7?milliards $ d’ici 2030. L’entreprise souligne que la demande est stimulée par l’essor des véhicules électriques (fabrication de pneus), la multiplication des projets d’infrastructures en Asie et en Afrique, ainsi que l’utilisation croissante de latex de haute pureté dans le secteur de la santé.

En dehors des opportunités à saisir sur le marché international, un accroissement de la superficie dédiée à la culture d’hévéa en Côte d’Ivoire peut également soutenir le développement d’industries connexes comme la bioénergie, qui valorise les sous?produits agricoles.

À Divo, la Société des Énergies Nouvelles (SODEN) a annoncé le 3 juin 2025 son intention de développer une centrale de 76 MW alimentée par des déchets agricoles, dont les hévéas en fin de vie. En parallèle, le groupe Eni transforme des graines d’hévéa en huile végétale pour ses bioraffineries. Après une phase pilote réussie, l’entreprise a signé le 28 mai dernier un accord avec le gouvernement pour structurer une filière nationale des biocarburants. Autant de projets qui offrent de nouveaux débouchés énergétiques, tout en générant des revenus supplémentaires pour les petits producteurs.

Stéphanas Assocle

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