
Comme dans la majorité des pays côtiers d’Afrique, la pêche constitue la principale source d’approvisionnement en produits halieutiques du Maroc. Malgré son potentiel, l’aquaculture reste embryonnaire mais attire de plus en plus l’intérêt des investisseurs.
Au Maroc, l’industrie aquacole a enregistré l’entrée en service de 183 fermes aquacoles entre janvier et juin 2025. C’est ce qu’indique l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture (ANDA) dans son dernier bulletin d’information publié le 18 décembre. Selon le régulateur, ces projets ont mobilisé près de 1,3 milliard de dirhams (142,6 millions $). Dans le détail, 78 % des exploitations lancées sont orientées vers la conchyliculture (huîtres et moules) et 18 % vers l’algoculture (algues).
« Ces projets ont déjà généré plus de 2250 emplois directs, contribuant à la création d’opportunités économiques durables dans les zones côtières », souligne l’ANDA. Le régulateur estime qu’un total de 184 projets aquacoles sont désormais opérationnels, avec une capacité théorique de 75?507 tonnes par an.
La pisciculture, parent pauvre des investissements
Sur le premier semestre 2025, la pisciculture est le sous?secteur le moins en vue en matière d’investissements. Si les raisons de ce faible engouement n’ont pas été détaillées, certains facteurs sont connus. Au Maroc, la pisciculture est confrontée à des défis structurels qui limitent son attractivité. Dans un rapport publié en septembre 2025, la Banque mondiale évoquait notamment l’insuffisance d’infrastructures telles que les couveuses pour la production d’alevins ou les unités de fabrication d’aliments pour poissons, un intrant représentant jusqu’à 80 % des coûts d’exploitation.
«?Produire des centaines de milliers de tonnes de protéines de poisson nécessitera une augmentation significative de la production d’aliments aquacoles et une modernisation du cadre réglementaire des aliments, permettant l’utilisation d’une gamme plus large de sources protéiques pour réduire les coûts de production. À ce jour, les réglementations sur les aliments aquacoles ne sont pas suffisamment claires quant à l’inclusion d’autres sources durables de protéines éprouvées, telles que les protéines animales transformées et la farine d’insectes (comme celle de la mouche soldat noire)?», souligne l’institution financière.
De nouveaux projets en cours
À l’issue de la 26? session de son Conseil d’Administration, tenue le 17 décembre, l’ANDA a révélé que 62 projets supplémentaires sont en cours de développement, pour un coût total de 307 millions de dirhams. Leur mise en exploitation devrait ajouter environ 14?590 tonnes de capacité de production.
Alors que les détails concernant ces nouveaux projets ne sont pas précisés, l’ANDA prévoit l’accompagnement de 35 projets dans le cadre de son plan d’action 2026. « Ce plan mettra notamment l’accent sur la poursuite de la planification aquacole, incluant le lancement d’Appels à Manifestation d’Intérêt pour l’ouverture de nouvelles zones à l’investissement, le renforcement des capacités et la professionnalisation des acteurs, à travers la modernisation des systèmes d’élevage, le renforcement des compétences techniques et managériales, ainsi que l’amélioration de la qualité, de la traçabilité et de la compétitivité des produits aquacoles », souligne le régulateur.
Avec l’entrée en service prochain de ces nouvelles exploitations et le fonctionnement à plein régime des fermes opérationnelles, la filière marocaine peut mieux exploiter son potentiel. Selon les données officielles, le Maroc est capable de produire 300?000 tonnes par an de produits aquacoles, mais les dernières estimations de l’ANDA indiquent que le pays n’a atteint que 3644 tonnes en 2024.
Stéphanas Assocle
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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