
Avec le développement du projet Kanyika, Globe Metals & Mining cherche à devenir le premier grand producteur de niobium non brésilien depuis plus de cinquante ans. Le pays sud-américain domine encore largement l’approvisionnement de ce métal notamment utilisé dans la sidérurgie.
Plus d’un an après le report annoncé en 2024, Globe Metals & Mining n’a toujours pas entamé les travaux de construction de son projet de niobium Kanyika, au Malawi. Dans une mise à jour de fin d’année publiée le vendredi 19 décembre 2025, la compagnie australienne indique être encore à l’étape de la mobilisation des financements nécessaires à la concrétisation de ce chantier, appelé à devenir la première mine à grande échelle de niobium en Afrique. En raison de ces retards, la mise en production du projet est désormais repoussée à 2028, contre une échéance précédemment fixée au début de l’année 2026.
Une nouvelle année de report
En septembre 2024, la société avait annoncé avoir obtenu du gouvernement malawite une prolongation d’un an du délai prévu pour le démarrage des travaux de construction de Kanyika. Cette période supplémentaire devait lui permettre d’avancer sur plusieurs étapes clés du développement du projet, notamment la sécurisation des financements, les études d’ingénierie préalables aux travaux et la conclusion d’accords de vente. À ce stade toutefois, aucun de ces objectifs n’a encore été atteint.
Dans ce contexte, Lilongwe lui a de nouveau accordé, en septembre dernier, une nouvelle prolongation de 12 mois pour le démarrage des opérations de développement. Bien qu’aucun élément ne permette encore d’évaluer la faisabilité de cet objectif, Globe Metals & Mining se dit désormais en bonne position pour respecter ce calendrier. La société prévoit de finaliser dès mars 2026, une étude de faisabilité actualisée, étape cruciale pour préparer la décision finale d’investissement (FID) de Kanyika.
« À l’approche de 2026, nous nous préparons à ce qui pourrait être notre année la plus transformatrice à ce jour. Nos principales priorités sont la finalisation de l’étude de faisabilité d’ici le 31 mars […], le lancement des travaux préparatoires de mars à septembre, l’organisation de nos tournées stratégiques internationales, la progression des principales initiatives de financement, le lancement des procédures d’acquisition à long terme et la réalisation de toutes les conditions préalables à la décision finale d’investissement », explique la société dans sa note.

Selon les estimations actuelles, Kanyika devrait produire environ 73 250 tonnes de pentoxyde de niobium et 3240 tonnes de pentoxyde de tantale sur une durée de vie de 23 ans. La mise en œuvre de ce projet nécessitera un investissement total de 250 millions $, pour des revenus attendus de 5,6 milliards sur l’ensemble de la période d’exploitation. La première phase de production est désormais prévue pour 2028, tandis qu’une deuxième phase, encore en planification, devrait démarrer en 2029, contre un calendrier initialement fixé au début de 2028.
Un projet stratégique sur un marché en pleine croissance
Malgré les multiples retards, Globe Metals & Mining reste déterminée à faire avancer le projet Kanyika, avec le soutien de l’État malawite. Cette position est compréhensible, compte tenu de la place stratégique qu’occupe ce projet dans un secteur du niobium largement dominé par le Brésil. Selon l’U.S Geological (USGS), le pays sud-américain contrôle à lui seul environ 90 % de l’approvisionnement mondial.
Au-delà de son statut de future première mine industrielle de niobium en Afrique, Kanyika pourrait constituer une alternative à l’offre brésilienne, dans un contexte où la diversification des sources d’approvisionnement devient de plus en plus nécessaire. Dans une étude de 2024, le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) souligne par exemple que cette dépendance excessive expose la chaîne d’approvisionnement à une « vulnérabilité significative ».
Par ailleurs, le développement de Kanyika survient dans un contexte de croissance soutenue du marché du niobium. Principalement utilisé dans la sidérurgie, ce métal est aussi demandé dans des secteurs stratégiques comme l’électronique, la défense ou l’industrie des véhicules électriques. Cette dynamique devrait soutenir une expansion de ce marché, dont la valorisation devrait progresser à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 8,7 % jusqu’en 2031, selon la firme de recherche Dataintelo.
Une nouvelle source de recettes minières pour le Malawi
Pour tirer parti de ces dynamiques, Globe Metals & Mining doit désormais franchir les principales étapes clés attendues en 2026. En attendant de nouvelles avancées sur ce front, plusieurs acheteurs potentiels se sont déjà positionnés pour s’approvisionner en niobium à Kanyika. C’est notamment le cas du producteur d’alliages Affilips, ainsi que de Myst Trading Pte et de NEO Performance Materials, qui ont conclu cette année des protocoles d’entente avec la compagnie.
Le lancement effectif des travaux de construction en 2026, couplé à la finalisation des accords d’enlèvement, s’annonce déterminant pour Kanyika, dont l’entrée en production pourrait élargir la base des recettes minières du Malawi. L’État malawite profitera d’une participation gratuite de 10 % dans la future mine, ainsi que d’une redevance de 5 % sur les revenus. Par ailleurs, conformément à un accord de développement communautaire (CDA), Globe Metals & Mining s’est engagée à reverser 0,45 % du chiffre d’affaires annuel du projet aux communautés locales.
Aurel Sèdjro Houenou
Edité par M.F. Vahid Codjia
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