
Le financement de 750 millions USD obtenu par Heirs Energy illustre la montée en puissance des producteurs nigérians dans un secteur longtemps dominé par les majors internationales, dans un contexte de cessions d’actifs et de quête de souveraineté énergétique.
Heirs Energy, société pétrolière et gazière nigériane contrôlée par le banquier Tony Elumelu (photo, à gauche), a obtenu une facilité de financement de 750 millions USD auprès d’Afreximbank afin d’accélérer la montée en puissance de ses activités amont. Signé à Abuja le 20 décembre, l’accord repose sur un schéma de financement indexé sur les réserves, d’une maturité de cinq ans, et combine le refinancement de la dette existante avec de nouveaux apports de capitaux destinés à soutenir l’expansion de la production.
L’accord intervient après une phase de désendettement progressive pour Heirs. Lors de l’acquisition en 2021 de la licence OML 17 auprès de Shell, Total et Eni, Heirs Energy avait levé environ 1,1 milliard USD, dont l’essentiel a été remboursé après près de quatre ans d’exploitation. Le nouveau financement permet d’optimiser la structure bilancielle du groupe tout en libérant des marges d’investissement supplémentaires.
Tony Elumelu a présenté cette opération comme un signal de confiance d’institutions africaines envers des entreprises africaines, soulignant le rôle structurant d’Afreximbank dans le financement de projets de grande taille portés par des acteurs locaux. « Cette transaction témoigne d'une grande confiance envers les entreprises et les institutions africaines […] Afreximbank se distingue comme l'institution financière la plus influente et la plus motrice du continent, ayant constamment démontré sa capacité et son audace à soutenir des entreprises africaines à grande échelle. La Banque joue un rôle déterminant dans la croissance de Heirs Energy, en soutenant son ambition de bâtir un champion de l'énergie résilient et détenu par des Africains », a déclaré Tony Elumelu.
Sur le plan opérationnel, Heirs Energy produit actuellement plus de 50 000 barils de pétrole par jour et environ 120 millions de mètres cubes de gaz. L’objectif affiché est de porter ces niveaux respectivement à environ 100 000 barils par jour et 250 millions de mètres cubes, ce qui impliquerait un quasi?doublement de la production à moyen terme. Cette trajectoire repose sur l’optimisation des champs existants, sans annonce de nouveaux forages majeurs pour l’instant, et sur une meilleure valorisation du gaz associé.
Pour Afreximbank, cette opération s’inscrit dans une stratégie plus large de soutien au secteur énergétique africain. Son président, George Elombi (photo, à droite), a rappelé que la stabilité énergétique conditionne l’équilibre macroéconomique de nombreux pays du continent et a indiqué que d’autres interventions de plusieurs milliards de dollars étaient en préparation. Il a insisté sur la vocation de long terme de la Banque, détenue par des intérêts africains, à accompagner le secteur dans les phases favorables comme dans les périodes de tension.
Cette opération illustre enfin la montée en puissance des entreprises pétrolières nigérianes dans un contexte de retrait progressif des majors internationales des actifs onshore et peu profonds. Heirs Energy s’inscrit dans cette dynamique aux côtés d’acteurs comme Seplat ou Renaissance Africa Energy, qui reprennent des champs cédés par les multinationales du secteur. Selon les régulateurs nigérians, les compagnies locales assurent désormais entre 50 % et 60 % de la production nationale, contre environ 40 % il y a quelques années.
Olivier de Souza
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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