Le Sénégal lance l'aménagement de l'Agropole Centre à 192 millions $

Publié le 20/12/2025

Au Sénégal, le secteur agricole contribue à 16 % au PIB et emploie environ 22 % de la population active. Dans le cadre de sa politique de souveraineté alimentaire, le gouvernement intensifie ses efforts dans la transformation agroalimentaire, pour créer plus de valeur et stimuler la production.

Au Sénégal, le coup d’envoi du projet de zone de transformation agro-industrielle de l’Agropole Centre a été officiellement donné le 16 décembre dernier, selon les informations relayées par l’Agence de presse sénégalaise (APS). D’un cout total de de 107,4 milliards FCFA ( environ 191,7 millions USD)  cette initiative destinée à renforcer la transformation locale des productions agricoles, est financé par l’État avec l’appui de plusieurs partenaires techniques et financiers, dont la Banque africaine de développement (BAD), la Banque islamique de développement (BID) et l’Agence belge de développement (Enabel).

Selon les autorités, l’Agropole Centre devrait permettre la mise en œuvre de 37 projets structurants dans des filières jugées stratégiques, notamment l’arachide, les céréales sèches (mil, maïs, sorgho), le sésame et le sel dans les régions de Kaolack, Kaffrine, Fatick et Diourbel. Les interventions porteront principalement sur l’implantation d’unités industrielles et de plateformes de transformation. L’initiative vise une progression notable du taux de transformation industrielle dans la région, avec une hausse attendue de 6 à 30 % pour les céréales ciblées, de 15 à 50 % pour l’arachide et de 10 à 30 % pour le sel.

Sur le plan socio-économique, il est attendu la création de près de 130 000 emplois directs et de plus de 200 000 emplois indirects, principalement au profit des jeunes et des femmes, très présents dans les chaînes de valeur agricoles. Le projet ambitionne également d’améliorer les revenus des producteurs grâce à une meilleure valorisation des matières premières locales. « L’Agropole Centre est un projet d’envergure qui essaie de promouvoir l’équité territoriale pour faire de la zone centre un lieu de transformation agro-industrielle censée piloter tout ce qui est transformation des produits issus du terroir, pour plus de valeur ajoutée qui va se traduire en termes d’emplois créés », explique Babou Dramé, coordonnateur du projet. 

L’Agropole Centre s’inscrit par ailleurs dans une approche intégrée de développement des chaînes de valeur. Tandis que le ministère de l’Industrie et du Commerce pilote les volets liés à la transformation et à l’industrialisation, le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage est chargé de renforcer l’offre en matières premières, notamment à travers l’appui aux organisations de producteurs, l’amélioration de la productivité agricole et la maîtrise de l’eau.

Un plan d’investissement plus vaste

L’Agropole Centre n’est pas un projet de transformation agro-industrielle isolé. Il constitue une composante régionale du Programme national de développement des agropoles du Sénégal (PNDAS), destiné à structurer et moderniser l’agro-industrie à l’échelle nationale. Ce programme prévoit l’aménagement de quatre autres agropoles dans le Sud (Ziguinchor, Kolda, Sédhiou), à l’Ouest (Thiès), au Nord (Saint-Louis, Louga, Matam) et à l’Est (Tambacounda, Kédougou) du pays.

Le PNDAS repose sur une logique de spécialisation régionale, chaque agropole valorisant les filières dominantes de son territoire. Ainsi, l’Agropole Nord se concentre par exemple sur le riz, l’horticulture d’exportation, l’élevage de bétail ou encore la pêche et l’aquaculture, tandis que celui du Sud privilégie la mangue, l’anacarde et le maïs.

Pour Dakar, ces projets figurent parmi les instruments clés de la politique de souveraineté alimentaire. L’enjeu d’un renforcement de la transformation locale est non seulement de créer plus de valeur ajoutée, mais aussi de stimuler la production agricole pour réduire la dépendance aux importations alimentaires et améliorer la balance commerciale du pays.

Le Sénégal est le deuxième pays de l’UEMOA qui dépense le plus pour les importations de denrées alimentaires. Selon les données compilées par la CNUCED, le pays de la Teranga a importé pour près de 1,88 milliard $ de produits alimentaires en moyenne par an entre 2021 et 2023. Parmi les principaux postes de dépenses figurent notamment le riz, le blé, le maïs, l’huile de palme, les produits laitiers ou encore le sucre.

Stéphanas Assocle

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