
Les réserves forestières du Ghana abritent non seulement une faune et une flore protégées, mais aussi d’importants gisements miniers. Face aux menaces que fait peser l’activité minière sur la biodiversité, Accra a décidé de remettre en cause l’octroi de permis miniers dans les forêts.
Au Ghana, le ministère de l’Environnement a annoncé la semaine dernière l’interdiction des activités minières dans les réserves forestières du pays, revenant sur loi de 2022 qui l’autorisait sous certaines conditions. La mise en œuvre de cette mesure d’interdiction suscite néanmoins des réserves chez certains défenseurs de l’Environnement, qui appellent l’État à garantir son application effective.
Dans un communiqué publié jeudi 18 décembre, plusieurs organisations de la société civile ghanéenne ont salué l’abrogation du texte de 2022, estimant qu’il avait fragilisé la protection du patrimoine forestier. Elles rappellent que ce cadre réglementaire a conduit à exposer 89 % des réserves forestières à l’exploitation minière, avec plus de 50 réserves sur 288 considérées comme sérieusement menacées par des intérêts miniers. « Cette révocation devrait se traduire par un engagement renouvelé à ouvrir la voie à de nouveaux partenariats et collaborations afin de garantir que les écosystèmes forestiers vitaux du Ghana n'existent pas seulement sur le papier, mais prospèrent au bénéfice de tous », indiquent-elles.

A cet effet, les organisations signataires de la déclaration, y compris les représentations locales d’Oxfam et d’A Rocha, appellent désormais le président John Dramani Mahama à réviser une loi de 2006 afin d’interdire « explicitement » l’exploitation minière dans les réserves forestières. Comme le souligne Wisdom Gomashie, ancien assistant du ministre ghanéen des Mines et désormais membre de l’opposition, l’abrogation de la loi de 2022 ne s’accompagne pas, à ce stade, d’une modification de la loi minière de fond. Il rappelle ainsi que des permis miniers accordés dès 2005 dans des réserves forestières concernent des entreprises toujours en activité.
Le gouvernement ghanéen n’a pas encore réagi à ces différentes sorties. Si les impératifs environnementaux sont importants, il faut noter que les autorités doivent aussi prendre en compte des intérêts économiques. D’importants projets miniers impliquent ainsi des activités dans des réserves forestières, comme le projet d’exploitation de la bauxite dans la forêt d’Atewa, qui héberge au moins 150 millions de tonnes de réserves. Il faudra voir dans les prochains mois si l’interdiction est strictement appliquée ou si des dérogations sont accordées à certains projets jugés stratégiques.
Emiliano Tossou
Lire aussi: 12/11/2021 - Ghana, Guinée : concilier business et environnement, l’autre défi du secteur minier
