
Les USA représentent environ 20 % des importations mondiales d’amandes de cajou. Sur ces derniers mois, les acteurs africains et asiatiques qui opèrent sur ce marché ont été bousculés par les différentes annonces de tarifs douaniers.
L’annonce le 14 novembre dernier par le président américain Donald Trump de l’annulation des droits de douane sur la noix de cajou a rassuré l’industrie mondiale mais sur le continent africain les acteurs de la filière n’en tireront qu’un bénéfice limité. C’est en tout cas, ce qu’estime Jim Fitzpatrick, expert du marché.
Selon l’analyste, les pays africains n'ont fourni en effet que 7 % des amandes de cajou importées par les États-Unis en 2024 contre près de 89 % pour le Vietnam qui devrait de facto profiter le plus de cette mesure pour renforcer sa domination du marché.
Si globalement les industriels africains devraient bénéficier des retombées positives avec le retour des acheteurs américains sur le marché international, leurs perspectives de croissance restent encore limitées sur cette destination.
En effet, souligne l’expert, contrairement aux Européens qui accordent davantage d’importance à des aspects comme la durabilité et la qualité dans le processus d’approvisionnement, les importateurs du pays de l’Oncle Sam sont beaucoup plus sensibles au prix, qu’ils peuvent obtenir à des niveaux plus bas au Vietnam.
Cette situation fait que de nombreux exportateurs africains privilégient le marché européen qui offre des prix plus élevés et des coûts d’expédition plus faibles. En 2024, ces derniers ont fourni environ 21 % des besoins en cajou de l’Union européenne.
« La fin des tarifs douaniers américains sur le cajou aura un impact limité sur l’Afrique tandis qu’elle aura un effet beaucoup plus marqué au Vietnam. Ce que l’on pourrait observer, c’est qu’avec le retour progressif des acheteurs américains sur le marché, ceux-ci pourraient chercher à diversifier leurs sources d’approvisionnement. L’enjeu serait donc de voir les transformateurs africains accroître leur part de marché aux États-Unis. Or, cet objectif est difficile à atteindre, car il est très complexe de rivaliser avec le Vietnam sur le terrain des prix. De plus, au cours des trois ou quatre dernières années, l’intérêt des acheteurs américains pour les amandes de cajou africaines a en réalité diminué », explique-t-il.
Plus largement, celui-ci estime que l’annulation ou le retrait des projets de développement de l’USAID a eu également des répercussions sur le secteur de la noix de cajou en Afrique de l’Ouest, de nombreux projets précédemment en place ayant été interrompus.
« Cela signifie que les producteurs et, dans une certaine mesure, les transformateurs ne bénéficient plus du soutien marketing sur le marché américain dont ils disposaient auparavant. Il convient également de noter que, bien que les droits de douane à l’importation aient été supprimés, la situation reste assez volatile », ajoute M. Fitzpatrick.
Espoir Olodo
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