Comme dans l’AES, le Zimbabwe veut ajuster ses redevances face à la hausse du prix de l’or

Publié le 28/11/2025

Après une escalade sur plusieurs mois, le prix de l’or a ralenti depuis fin octobre, fluctuant autour de la barre de 4000 $ l’once atteinte pour la 1re fois cette année. Si l’on en croît certains experts, ce ralentissement n’est que temporaire, les prix devant encore monter en 2026.

Le Zimbabwe prévoit d’imposer à partir du 1er janvier 2026 un taux de 10 % sur les redevances minières prélevées auprès des producteurs d’or, si le prix du métal précieux est égal ou dépasse les 2501 USD l’once. L’annonce a été faite par le ministre des Finances Mthuli Ncube le jeudi 27 novembre, lors de la présentation du budget national 2026 au Parlement. Cette mesure vise à tirer parti du marché haussier, et s’inscrit plus largement dans la même logique que celle adoptée par le Mali et le Burkina Faso. 

Face à la hausse prolongée des prix ces dernières années, les deux pays ouest-africains ont en effet revu leur politique fiscale appliquée aux revenus aurifères. Au Mali, le taux fixe de 3 % en vigueur depuis 1991 a été remplacé en 2024 par un barème progressif, lequel prévoit désormais un taux à 6 % pour un prix situé entre 1600 et 2000 $ l’once, puis à 7 % jusqu’à 2500 $. Au Burkina Faso, où les redevances étaient auparavant plafonnées à 7 % pour tout prix supérieur à 2000 $, un décret adopté en avril 2025 a relevé ce seuil. Le taux est désormais à 8 % dès 3000 $ l’once, puis augmente automatiquement de 1 % pour chaque hausse supplémentaire de 500 $.

Du côté du Zimbabwe, la réforme annoncée s’inscrit dans le prolongement de celle adoptée en 2022, qui avait modifié le taux fixe de 5?%. Ce barème prévoyait un taux de 3?% lorsque le prix de l’or est inférieur à 1200?$ l’once, puis de 5?% pour un prix compris entre 1201?$ et 2500?$. Avec un nouveau taux de 10?%, le pays d’Afrique australe pourra mieux bénéficier des prix actuels, qui s’élevaient à 4159?USD l’once jeudi soir.

or interne

 « Les cours internationaux de l'or ont atteint des niveaux historiquement élevés, dépassant les 4000 $ l'once en octobre 2025. Ce contexte de prix exceptionnel offre une opportunité stratégique au gouvernement qu'aux exploitants miniers, d'accroître la valeur ajoutée de la ressource minérale, tout en garantissant la poursuite des investissements et la viabilité du sous-secteur aurifère », a souligné le ministre.

En 2025, l’or affiche pour le moment une progression de 57?% selon la plateforme Trading Economics, contre 30?% l’année précédente. Bien qu’un léger recul a été observé ces dernières semaines, les experts anticipent la poursuite de la tendance haussière en 2026. La banque américaine Morgan Stanley a d’ailleurs revu ses prévisions à la hausse, portant le prix attendu à 4400?$ l’once, contre 3313?$ précédemment.

Si ce contexte favorable peut déjà servir les intérêts du Mali et du Burkina Faso, le Zimbabwe doit encore attendre l’approbation de son ajustement fiscal. Une fois déposé, le budget doit encore faire l’objet d’un examen du Parlement en vue de son approbation. Des développements que devront aussi suivre de près les producteurs aurifères actifs dans le pays, surtout si l’on considère l’impact de telles mesures fiscales sur leurs coûts opérationnels.

Dans son rapport financier du 3e trimestre, le canadien Orezone, opérateur de la mine burkinabé Bomboré, relève notamment un AISC (coût total de production d’une once d’or) élevé, en raison de la « hausse des redevances gouvernementales liée à un meilleur prix de l’or ». Allied Gold constate également un impact « disproportionné » sur ses coûts pour la mine Sadiola au Mali, sur fond de redevances plus élevées. Pour rappel, le Zimbabwe accueille aussi des sociétés étrangères comme Caledonia Mining, bien que la production aurifère y reste majoritairement artisanale.

Aurel Sèdjro Houenou

Edité par : Feriol Bewa

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