L’allègement des tarifs douaniers préserve la dynamique commerciale africaine sur le marché américain

Publié le 27/11/2025

L’entrée en vigueur des tarifs douaniers imposés par Trump depuis août 2025 constitue un casse-tête pour les pays visant le marché américain. Alors que Washington reconsidère sa position sur les produits alimentaires, les exportateurs africains peuvent maintenir leurs flux sur ce marché.

Le 14 novembre 2025, le président américain Donald Trump a décidé par décret l’annulation des droits de douane sur plus de 200 produits alimentaires parmi lesquels figurent un certain nombre de matières premières agricoles. Dans un communiqué publié sur son site, la Maison-Blanche indique que cette mesure concerne principalement les produits qui ne sont pas cultivés ou produits en quantité suffisante aux États-Unis, dont le café, le thé, la tomate, le cacao, les épices, la viande bovine, la banane, l’orange, les fruits tropicaux et les jus de fruits.

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D’après Washington, ce revirement s’explique par les progrès « substantiels » réciproques réalisés dans les négociations commerciales avec certains pays partenaires, ainsi que par le rapport entre la demande intérieure actuelle pour certains produits et la capacité de production nationale. Selon de nombreux observateurs, cet allègement tarifaire peut s'expliquer par la « crainte d’une tension inflationniste » aux USA.

Les données rapportées par Reuters indiquent par exemple qu’en septembre 2025, le prix du bœuf haché avait augmenté d’environ 13 % sur un an, tandis que celui des steaks progressait de près de 17 %, soit les plus fortes hausses enregistrées en plus de trois ans. Les bananes affichaient une hausse d’environ 7 %, et les tomates, un léger rebond d’environ 1 %. Au total, le coût des aliments consommés à domicile avait augmenté de 2,7 % en glissement annuel.

La dynamique commerciale africaine peut se poursuivre

Si selon les observateurs, la suppression partielle des droits de douane sur les produits alimentaires profitera d’abord aux grands fournisseurs des USA en Amérique du Sud, en Europe et en Asie, cette évolution offre aux pays africains une opportunité de renforcer leur ancrage sur le marché américain. Bien que sa part soit encore limitée à moins de 5 % des importations agricoles et alimentaires américaines, l’Afrique a affiché une progression régulière de ses ventes vers les États-Unis ces dernières années. D’après les données du Département américain de l’Agriculture (USDA), les achats américains de produits agricoles africains ont augmenté en moyenne de 6,05 % par an, passant de 3,13 milliards USD en 2020 à 3,96 milliards USD en 2024.

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Pour 2025, l’USDA anticipait une progression modérée d’environ 1 % en glissement annuel, portant les achats américains depuis le continent à près de 4 milliards USD. Il faut noter que les principaux produits importés d’Afrique sont le cacao, les fruits, le café et les épices, la majorité d’entre eux provenant de la zone subsaharienne, notamment de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique du Sud, du Ghana, de Madagascar ou encore du Kenya. Dans ce contexte, la suppression partielle des droits de douane pourrait entretenir la dynamique de croissance observée dans les flux d'exportation agricoles ces dernières années. Toutefois, un autre facteur doit être pris en considération pour assurer la pérennité de cette dynamique.

La vigueur des exportations africaines de produits alimentaires est principalement le fait de l’AGOA, un accord commercial adopté par les États-Unis en mai 2000 et offrant aux pays d’Afrique subsaharienne éligibles un accès préférentiel à leur marché, principalement sous forme d’exemptions de droits de douane. Alors que des incertitudes planent sur la reconduction de cet accord commercial qui a expiré en septembre 2025, les pays bénéficiaires pourraient perdre un avantage compétitif majeur.

Stéphanas Assocle

Edité par : Feriol Bewa

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