
Ity est la plus ancienne mine d’or encore en activité en Côte d’Ivoire. Dix ans après son rachat par Endeavour Mining en 2015, elle est aussi devenue la plus grande du pays, avec une production plus que quadruplée et un horizon d’exploitation s’étendant encore sur plus d’une décennie.
Endeavour Mining a annoncé mi-novembre 2025 une production de 245 000 onces d’or à la mine d’Ity pour les neuf premiers mois de l’année. Un chiffre représentant 26 % de sa production totale sur la période indiquée, et qui confirme le statut de cet actif comme locomotive de son portefeuille, 10 ans après acquisition.
Ce basculement trouve en effet son origine en septembre 2015, lorsque la compagnie minière basée à Londres conclut un accord avec l'homme d'affaires Naguib Sawiris et sa famille pour reprendre ce qui est alors déjà la plus ancienne mine d’or en activité en Côte d’Ivoire. Finalisée deux mois plus tard, l’opération ouvre la voie à la montée en puissance d’un producteur ambitieux, devenu désormais le plus grand exploitant aurifère en Afrique de l’Ouest.
Entre sa mise en service en 1991 et son acquisition par Endeavour fin 2015, Ity a fonctionné comme une exploitation minière de taille moyenne. Au cours des 20 premières années, environ 600 000 onces y ont été extraites, une production qui faisait déjà partie des plus grandes de Côte d’Ivoire. La mine prend une tout autre dimension sous la direction de son propriétaire actuel.
Un demi-milliard de dollars d’investissements
Si Ity ne livre « que » 76 000 onces en 2016, sa première année d’exploitation complète sous Endeavour, le groupe lance en septembre 2017 la construction du projet CIL. Il s’agit d’une usine de traitement d’une capacité annuelle de 4 millions de tonnes, et d’un coût initial de 412 millions USD selon l’étude de faisabilité. Elle est censée assurer à Ity une production annuelle moyenne de 235 000 onces durant les cinq premières années d’exploitation.

Environ 20 mois plus tard, Endeavour réussit son pari avec l’inauguration de l’usine en avril 2019. Des travaux supplémentaires permettront à Ity de disposer finalement d’une capacité de traitement annuelle de 5 millions de tonnes. En conséquence, la production y a plus que quadruplé depuis 2016, atteignant un pic à 343 000 onces d'or en 2024. Sur les cinq dernières années, la mine ivoirienne totalise 1,46 million d’onces, dont 324 000 en 2023. C'est cette année-là qu'elle est devenue un pilier majeur du portefeuille d’Endeavour.
À long terme, la compagnie table sur une durée de vie de la mine de plus de 10 ans, avec une production annuelle moyenne de plus de 250 000 onces. Pour 2025, la plus grande mine d’or de Côte d’Ivoire devrait ainsi encore garder son rang chez Endeavour, avec une production d’or attendue à entre 290 000 et 330 000 onces. Derrière, 230 000 à 260 000 onces sont prévues à la mine d’or Houndé (Burkina Faso) et 250 000 à 280 000 onces au complexe aurifère Sabodala-Massawa (Sénégal).
Quel impact pour l’économie ivoirienne ?
Au cours des 10 dernières années, la Côte d’Ivoire a tiré dividendes et redevances de la mine d’Ity, où elle détient 15 % d’intérêts répartis entre le gouvernement et la SODEMI (Société pour le Développement Minier de Côte d'Ivoire). Si aucun chiffre exhaustif n’est disponible, la contribution fiscale de l'actif s’élevait selon Endeavour à 62 millions USD en 2023 et 78 millions USD en 2024.
La compagnie minière revendique aussi des actions communautaires, dont 3,5 millions USD dépensés en 2024. Dans un contexte où la répartition de la rente minière entre États hôtes et compagnies exploitantes suscite un débat croissant en Afrique de l’Ouest, l’évaluation de la contribution économique de la mine d'Ity en Côte d’Ivoire pourrait prendre de l'importance dans les prochaines années.
Emiliano Tossou
Edité par : Feriol Bewa
