
Le Zimbabwe est le premier exportateur africain de tabac et le 3? à l’échelle mondiale après le Brésil et l’Inde. Alors que la quasi-totalité des expéditions est réalisée sous forme brute, le gouvernement encourage les investissements sur le segment de la transformation pour créer plus de valeur ajoutée.
Au Zimbabwe, le président Emmerson Mnangagwa a procédé le 19 novembre dernier à l’inauguration d’une usine de transformation de tabac basée à Lochinvar, à Harare. D’un coût total évalué à 100 millions $, ce nouvel investissement est l’œuvre de l’entreprise agro-industrielle Cut Rag Processors (CRP).
Selon les informations relayées par le média local The Zimbabwe Mail, l’usine peut traiter 3 000 tonnes de tabac par mois en tabac coupé et produire jusqu’à 60 000 master cases de cigarettes, soit environ 600 millions d’unités de cigarettes par mois (un master case contient généralement 10 000 cigarettes).
Un levier pour doper la transformation locale
Ce nouvel investissement permettra de renforcer la capacité de transformation de l’industrie locale encore sous-développée. S’exprimant sur le sujet en avril dernier, Emmanuel Matsvaire, directeur général par intérim du Conseil de l’industrie et de la commercialisation du tabac (TIMB), régulateur de la filière, a indiqué que le pays compte 10 fabricants de cigarettes, dont la capacité de production cumulée s’élevait à environ 4,4 milliards de cigarettes par an.
Selon le responsable, ces différents opérateurs ne parviennent pour l’instant qu’à transformer entre 10 et 15 % de la production locale de tabac en tabac coupé et en cigarettes. Il convient de noter que, dans le cadre de son plan de transformation, le TIMB ambitionne de porter le taux de transformation de la production locale de tabac à 30 % avec l’appui des investisseurs privés, afin de capter plus de valeur ajoutée dans une filière principalement orientée vers l’exportation.
L’enjeu de renforcer la transformation est d’autant plus stratégique que le gouvernement souhaite porter à 7 milliards $ la valeur totale des recettes générées par la filière d’ici 2030, dans le cadre de la deuxième phase de sa Stratégie pour les Systèmes Alimentaires, l’Agriculture et la Transformation Rurale (AFSRTS 2), qui fait du renforcement de la valeur ajoutée par la transformation une priorité.
En comparaison, le Zimbabwe a engrangé 1,4 milliard $ de recettes d’exportation en 2024, dont 94 %, soit 1,32 milliard $, provenaient de la vente de matière première sous forme brute, selon les données compilées sur la plateforme Trade Map.
Une production qui ne cesse de croître
En 2025, la récolte de tabac au Zimbabwe a augmenté de 53 % pour atteindre 354 000 tonnes, signant un nouveau record dans l’histoire de la filière. Cette embellie traduit la dynamique de croissance observée dans le secteur au cours des dernières années.
Selon les données compilées par le TIMB, la production de la feuille a affiché une croissance annuelle moyenne de 13,98 % depuis 2020, année où la récolte ne s’élevait qu’à 184 000 tonnes. Globalement, il s’agit d’une croissance de 92 % de la production enregistrée entre 2020 et 2025.
Toutefois, ce niveau actuel de production est appelé à croître davantage au cours des prochaines années. Dans le cadre de son plan de transformation, le régulateur de la filière ambitionne de porter la récolte annuelle à près de 500 000 tonnes d’ici 2030. Alors que le niveau de transformation reste encore limité, la filière zimbabwéenne passe largement à côté de la valeur ajoutée qu’elle pourrait générer sur ce segment d'activité.
Au Zimbabwe, le tabac est principalement cultivé dans les provinces de Mashonaland occidental, Mashonaland central, Mashonaland oriental et Manicaland.
Stéphanas Assocle
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