COP30 : les négociateurs ignorent le calendrier de sortie du fossile et compromettent l’accord final

Publié le 21/11/2025

La COP30 supprime la feuille de route pour la sortie des énergies fossiles. Plus de 80 pays la soutenaient, et 29 menacent désormais de bloquer l’accord. Ce retrait imposé par l’opposition de producteurs comme l’Arabie saoudite et la Russie, corse les débats à Belém.

La nouvelle version du projet d’accord publiée ce vendredi 21 novembre à la COP30 a supprimé toute mention de la feuille de route pour organiser la transition hors des énergies fossiles, adoptée en 2023 à la COP28 de Dubaï sans toutefois expliquer comment la mettre en œuvre. À Belém, cette feuille de route devait préciser les détails d'organisation, mais elle a été retirée alors que les négociations touchent à leur fin.

Cette suppression s’explique par l’opposition de plusieurs pays producteurs ou grands consommateurs d'énergies fossiles, notamment l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Iran, la Bolivie, la Russie et l’Inde, qui refusent tout nouveau compromis sur la transition. Selon plusieurs sources médiatiques, le Brésil, qui préside cette COP, envisageait déjà de retirer ce passage pour éviter un blocage, face à une opposition jugée trop forte. Les tensions sont montées jeudi, certains pays hostiles menaçant de quitter les discussions, juste avant qu’un incendie ne suspende les travaux pendant plus de six heures.

incendie 

En parallèle, plus de 80 pays favorables à la feuille de route proposaient un processus non contraignant permettant à chaque État de définir son propre chemin sans calendrier imposé. Le retrait du passage dans la dernière version du texte a déclenché une réponse ferme. 29 pays, dont la France, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, le Mexique, le Chili, la Colombie et la Suède, ont écrit à la présidence brésilienne pour informer qu’ils ne soutiendraient pas un accord sans feuille de route. Ils considèrent que son absence constituerait un recul par rapport aux résolutions de Dubaï, déjà fragilisées l’an dernier à la COP29, où les pays n’avaient pas réussi à confirmer l’engagement de transition.

Pour ces pays, plusieurs raisons expliquent leur levée de boucliers. L’engagement de Dubaï restant sans mesures concrètes, l’absence d’une feuille de route affaiblirait la continuité entre les COP, et les plans nationaux actuels ne suffisent pas à limiter le réchauffement à 1,5 °C, ce qui explique la nécessité d’un cadre collectif, même souple. Le succès de cette COP30 sera ainsi conditionné par la capacité du Brésil à proposer une formulation acceptable pour tous, l’éventualité d’un compromis sous forme de forum ou de processus préparatoire, et la détermination des 29 pays pour qui la feuille de route est devenue nécessaire.

D’autres sujets encore ouverts comme le financement, l’adaptation, le commerce et la transparence pourront aussi peser dans la résolution finale. Quoiqu’il en soit, ces divergences à quelques heures de la fin de la conférence ne présagent pas d’une conclusion qui arrange toutes les parties.

Olivier de Souza

Edité par : Feriol Bewa

Lire aussi : 19/11/2025 - COP30 : les discussions s’intensifient autour d’une feuille de route pour sortir du fossile