
Endeavour Mining est actuellement la 1re société productrice d’or en Afrique de l’Ouest, région d’où elle tire exclusivement sa production. Avant la vente des mines Boungou et Wahgnion en 2023, le Burkina Faso abritait son plus grand nombre d’actifs opérationnels, devant la Côte d’Ivoire.
Dans son rapport opérationnel publié la semaine dernière, Endeavour Mining a annoncé son objectif de mettre en service sa future mine ivoirienne d’or Assafou d’ici fin 2028. Un événement qui impulsera la montée en puissance de la Côte d’Ivoire dans la répartition de la production du groupe, également actif au Burkina Faso et au Sénégal.
Du pari de passer de 1 à 3 actifs opérationnels en 4 ans
Endeavour Mining est exclusivement axée sur l’Afrique de l’Ouest, où elle détient actuellement 5 mines, en l’occurrence Houndé et Mana au Burkina Faso, Sabodala-Massawa au Sénégal, ainsi qu'Ity et Lafigué (lancée fin 2024) en Côte d’Ivoire. Ces deux derniers actifs devraient cumuler une production de 540 000 onces d’or maximum en 2025, soit 45 % de l’objectif global du groupe pour cet exercice, qui est de 1,2 million d’onces.

Le site minier aurifère d'Ity
Pendant ce temps, la société entend lancer la construction du projet Assafou en 2026, sous réserve d’obtention des permis miniers auprès des autorités locales. Avec ce calendrier, elle veut se doter de sa troisième mine d’or en Côte d’Ivoire, la deuxième dans le pays en l’espace de 4 ans. Selon une étude de faisabilité publiée en 2024, Assafou devrait produire 329 000 onces d’or par an au cours de ses 10 premières années d’exploitation.
Sur la base de ce potentiel, ainsi que des productions annuelles moyennes envisagées à Ity et Lafigué, la production ivoirienne d’Endeavour peut avoisiner les 790 000 onces d’or. Cela représente 65 % de ses prévisions pour cette année, selon les calculs de l’Agence Ecofin. Une contribution qui illustre le poids que peut davantage avoir l’or ivoirien dans les dynamiques opérationnelles d’Endeavour, bien qu’une montée en puissance soit également planifiée au Sénégal.
Tirer profit d’un secteur aurifère ivoirien en plein essor ?
Notons que la Côte d’Ivoire peut aussi profiter de la mise en service d’Assafou pour devancer le Burkina Faso comme pays abritant le plus grand nombre d’actifs d’Endeavour dans la sous-région. Le pays des Hommes intègres occupait cette position jusqu’à la vente en 2023 des mines Wahgnion et Boungou, lesquelles constituaient alors avec Mana et Houndé le portefeuille local de la société minière.
Pour l’heure, Endeavour n’a encore fait mention d’aucune stratégie ouvertement axée sur la nation éburnéenne. Pour autant, plusieurs éléments peuvent permettre de comprendre sa consolidation dans le pays, en particulier le climat des affaires jugé favorable aux investissements miniers. La Côte d’Ivoire compte en effet ces dernières années parmi les juridictions minières les plus attractives en Afrique de l’Ouest, selon le Fraser Institute. Première dans le classement sous-régional de ce think tank en 2023, elle s’est classée à la 3ème position en 2024, devancée par le Ghana et le Sénégal.
Ce caractère attractif est aussi confirmé par les entreprises qui y sont actives. Lors de l’édition 2025 de l’Africa Down Under en septembre dernier, Justin Tremain, directeur général de Turaco Gold (projet Afema), avait notamment cité la Côte d’Ivoire comme le « meilleur endroit au monde » pour construire une mine d’or. L’autre point essentiel à souligner concerne l’ambition affichée par les autorités de favoriser la croissance continue de la production nationale d’or, en plein essor depuis 2011. L’objectif est d’atteindre la cible des 100 tonnes d’or par an les prochaines années.
Le défi de la concentration géographique
C’est donc dans ce contexte national favorable, couplé à un marché haussier prolongé de l’or, qu’Endeavour poursuit sa croissance en Côte d’Ivoire. Ceci étant, la concrétisation de ses ambitions reste conditionnée à la finalisation de certaines démarches. Outre les autorisations réglementaires nécessaires, la société devra encore mobiliser le financement d’Assafou, actuellement estimé à 734 millions USD. Ce budget peut éventuellement être actualisé dans une nouvelle étude de faisabilité du projet attendue d’ici 2026.
Le maintien des dynamiques actuelles à Ity et la gestion de la montée en régime de Lafigué sont autant d’autres facteurs à suivre de près. Par ailleurs, le fait de disposer de trois mines d’or en Côte d’Ivoire peut aussi exposer Endeavour aux contraintes liées à la concentration d’une importante partie de sa production dans un seul pôle minier. Une telle situation peut parfois s’avérer risquée pour les sociétés minières, en cas de chocs internes ou d’une éventuelle érosion du climat des affaires.

Le site minier de Lafigué
L’exemple du canadien First Quantum Minerals illustre notamment ce facteur, avec la fermeture en novembre 2023 de sa mine panaméenne de cuivre Cobre sur fond de litige avec les autorités locales. Privée de cet actif qui pourvoyait environ 45 % de sa production, la société n’a produit que 431 004 tonnes grâce à ses mines zambiennes en 2024 (contre 707 600 tonnes en 2023). En Côte d’Ivoire où la révision du Code minier est en cours, l’impact des réformes prévues reste à déterminer au niveau des sociétés minières comme Endeavour.
Aurel Sèdjro Houenou
Edité par : Feriol Bewa
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14/11/2025 - Or : Endeavour veut avancer le projet ivoirien Assafou vers la construction en 2026
