
Au Cameroun, l’agriculture fournit plus de 20 % du PIB. Dans le pays qui est la locomotive économique de la région CEMAC, le secteur fait face à plusieurs défis comme l’insécurité.
Au Cameroun, les conflits dans les régions anglophones et du nord pèsent lourdement sur les performances de l’agriculture. En 8 ans, cette situation d’insécurité a fait perdre en moyenne 580 milliards FCFA par an (1 milliard $) de valeur ajoutée agricole.
C’est ce que révèle le rapport « État des lieux de l’agriculture, de l’élevage, de l’agro-industrie et des politiques agricoles en Afrique », publié en octobre dernier par la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi).
Depuis 2016 en effet, les forces de défense et de sécurité camerounaises sont opposées aux groupes séparatistes qui revendiquent l’indépendance des deux régions anglophones du pays que sont le Nord-Ouest et le Sud-Ouest (NOSO). Ces affrontements ont eu des conséquences humanitaires et socioéconomiques importantes conduisant à des déplacements internes de populations.
Dans le secteur agricole de cette zone, l’insécurité a limité les investissements et impacté durement les activités de plusieurs entreprises publiques et privées.
Selon les données relayées par le site Investir au Cameroun, la Cameroon Development Corporation (CDC), l’agro-industriel public qui possède des plantations de bananes, d’hévéa et de palmiers à huile notamment dans le Sud-Ouest et le Littoral a exporté 23 416 tonnes de bananes entre janvier et juillet 2025, soit deux fois moins qu’en 2015 à la même période.
La compagnie, qui est le second employeur du pays après l’administration publique, a essuyé de lourdes pertes en raison de la crise sociopolitique dans les régions anglophones.
« Entre 2019 et 2021, elle a enregistré 38,7 milliards FCFA de pertes et vu ses effectifs passer de 22 000 à environ 15 000 travailleurs », rapporte Investir au Cameroun qui cite des données de la Commission technique de réhabilitation des entreprises publiques (CTR).
Plus globalement, selon la Ferdi, la situation au Cameroun s’inscrit dans une dynamique d’insécurité qui touche l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. D’après l’organisation, « 30 à 50 % des terres cultivées ont été perdues ou abandonnées à cause de la violence rendant toute activité agricole hautement incertaine et souvent impossible » dans certaines régions du Sahel ou du Nigeria.
« L’insécurité bloque également l’accès aux marchés, réduit la mobilité des exploitants et encourage l’exode rural, fragilisant tout le tissu économique local et régional » ajoute le think tank français.
Espoir Olodo
