
Issu d’un groupe fondé au 19e siècle en Afrique du Sud, Gold Fields n’exploite plus qu’une seule mine d'or dans la nation arc-en-ciel. Si elle est aussi présente au Ghana, la compagnie multiplie surtout les acquisitions de projets en dehors d’Afrique, notamment au Canada et en Australie.
Malgré une hausse de plus de 100 % du coût d’investissement prévu pour construire sa mine d’or Windfall au Canada, le sud-africain Gold Fields veut poursuivre ce projet. Selon son DG Mike Fraser, intervenant lors d’une conférence téléphonique avec les investisseurs la semaine dernière, le projet devrait en effet rester « une bonne affaire », notamment à cause de son potentiel d’agrandissement et de son emplacement. Une sortie qui, si elle semble anodine, illustre bien la volonté du groupe de diversifier davantage son portefeuille hors Afrique.
Symbole de ce changement de cap qui s’est accéléré en 2024 avec l’acquisition de Windfall, Gold Fields n’exploite plus qu’une seule mine d’or (la mine South Deep) en Afrique du Sud, le pays qui a vu naitre son groupe d'origine Gold Fields of South Africa, vers la fin du 19e siècle. Sur le continent, il exploite encore deux mines au Ghana, Tarkwa et Damang.
Seulement, le bail minier de la compagnie à Damang, prolongé de justesse cette année, devrait expirer en avril 2026, faisant passer cette mine d’or sous le contrôle de l’État. Le seul changement majeur lancé par la compagnie sur le continent au cours des trois dernières années, à savoir la fusion de sa mine Tarkwa avec la mine Iduapriem d’AngloGold Ashanti, a également été suspendu indéfiniment cette année. Annoncé en 2023 et censé déboucher sur le plus grand complexe aurifère d’Afrique, le projet n’a pas reçu le soutien des autorités locales.
Croissance au Canada et en Australie
Pendant ce temps, Gold Fields a bouclé en 2024 l’acquisition d’Osisko Mining et pris par la même occasion l00 % d’intérêts dans le projet Windfall. En 2022, l’investissement pour construire une mine sur ce dernier était évalué à 790 millions de dollars canadiens (environ 565 millions USD). Son développement devrait désormais coûter 1,7 à 1,9 milliard USD. Pas de quoi freiner les plans de la compagnie, qui ambitionne d’y produire plus de 300 000 onces d’or par an à partir de 2029.
Gold Fields a également finalisé le mois dernier la prise de contrôle de la compagnie minière Gold Road Resources, active dans l’exploitation de l’or en Australie. L’opération lui a permis de faire passer sa participation dans la mine d’or Gruyere de 50 à 100 %. L'actif devrait livrer entre 300 000 et 320 000 onces d’or en 2025, et des plans d’optimisation sont prévus pour porter la production à 400 000 onces d’ici la fin de la décennie. Au total, la société veut produire entre 2,25 millions et 2,45 millions d’onces en 2025.
Sur les 9 mines actuellement exploitées par Gold Fields, 6 se retrouvent ainsi hors d'Afrique, dont 4 en Australie, 1 au Pérou et 1 au Chili. La compagnie ne détient par ailleurs aucun projet d’exploration majeur sur le continent, ce qui signifie que l’importance de ce dernier dans sa production aurifère devrait diminuer, à mesure que les réserves de ses mines au Ghana et en Afrique du Sud s’épuisent. Elle ne cache d’ailleurs pas sa volonté d'y réduire sa présence, au profit de juridictions perçues comme plus stables.
« En réduisant sa dépendance vis-à-vis des actifs africains et en étendant ses activités en Amérique du Nord, la société ne se contente pas de se diversifier géographiquement, mais dilue également les risques géopolitiques, une stratégie qui pourrait s'avérer très payante dans le monde imprévisible de l'exploitation aurifère », a indiqué Gold Fields au moment du rachat d’Osisko.
Si ce n’est pas la seule société minière à partager cette analyse, comme le montrent les récents développements au sein de Barrick Mining, le deuxième producteur mondial d’or, l’Afrique reste la plus grande région productrice du métal jaune au monde. Là où une compagnie originaire du continent bâtit sa croissance à l’international, des groupes miniers canadiens, australiens et chinois continuent d’y investir, attirés notamment par le potentiel de nouvelles découvertes.
Les années à venir permettront de voir comment évolue la stratégie de Gold Fields à moyen terme. Elles révéleront notamment si la compagnie change de cap, ou si elle poursuit sa route, allant par exemple jusqu’à déplacer son siège hors de la nation arc-en-ciel, comme l'a fait en 2023 son ex-compatriote AngloGold Ashanti. Toujours bien implantée en Afrique, cette dernière a cependant pris la décision de transférer son siège social de Johannesburg à Londres.
Emiliano Tossou
Edité par : Feriol Bewa
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