
Avec une production nationale de 4,8 millions d’onces d'or en 2024, le Ghana domine depuis quelques années le classement des pays producteurs du métal jaune en Afrique. Le développement de nouveaux projets y est néanmoins relativement limité, comparativement à d’autres États de la région.
Le ministre ghanéen des Finances Cassiel Ato Forson a annoncé en fin de semaine dernière l’intention du gouvernement d’abolir une taxe sur valeur ajoutée (TVA) de 15 % appliquée aux dépenses liées à l’exploration minière. Une initiative qui peut à terme, repositionner le pays dans la course à l’exploration aurifère, dans un contexte où d’autres États ouest-africains comme la Côte d’Ivoire et la Guinée captent davantage d’attention en la matière.
Rehausser la compétitivité minière du Ghana
En vigueur depuis plus de 25 ans, la taxe concernée touche les investissements liés aux analyses et forages menés dans le cadre de travaux de prospection minière. Sa suppression devrait permettre « de raviver la confiance des investisseurs, de stimuler les nouveaux projets miniers et d’assurer la viabilité à long terme du secteur minier du pays » a affirmé le ministre selon Reuters.

Premier producteur africain d’or, le Ghana a en effet enregistré un nombre limité de nouveaux projets miniers ces dernières années. L’ex-Gold Coast a dû attendre plus d’une décennie pour voir entrer en production une nouvelle mine d’or sur son sol, en l’occurrence le projet Namdini (Shandong Gold) lancé en 2024. La Chambre des Mines a longtemps tiré la sonnette d’alarme sur le sujet, indiquant que la taxe met à rude épreuve la compétitivité du pays face à d’autres pôles miniers.
« La plupart des entreprises de ce secteur sont prêtes à prendre des risques, mais elles paient la TVA sur les analyses et les forages, qui représentent le coût le plus élevé de l'exploration […]. Nous sommes en train de perdre face au Kenya et à la Côte d'Ivoire à cause d'une mauvaise politique fiscale », déclarait plus tôt cette année le directeur général de la Chambre des Mines Ahmed Nantogmah, selon la presse locale.
La mention de la nation éburnéenne n'est pas anodine, compte tenu de l’attractivité de son secteur aurifère. Selon Justin Tremain, le Directeur général de Turaco Gold, la Côte d’Ivoire est le « meilleur endroit au monde » pour construire une mine d’or. Cette compagnie a par exemple annoncé une levée de fonds de 39 millions USD cette année pour faire avancer son projet Afema dans le pays, où d'autres acteurs se mobilisent aussi, comme Aurum Resources.
La Guinée suit également dans cette dynamique, bénéficiant de l’intérêt de plusieurs compagnies minières. En mai dernier, c’est Fortuna Mining qui a notamment annoncé vouloir consacrer une partie de son budget d’exploration à ses actifs guinéens, quelques mois avant l’annonce par Sanu Gold d’un financement de 8,4 millions USD destiné à soutenir ses travaux d’exploration dans le pays. Perseus Mining, déjà active en Côte d’Ivoire et au Ghana, investit aussi dans l’or en Guinée.
Renforcer un secteur économique clé
À l’instar de la Côte d’Ivoire et de la Guinée, stimuler de nouveaux investissements dans l’industrie aurifère ghanéenne répond à une certaine logique économique, en raison de la contribution du métal jaune aux recettes publiques. Selon un rapport de la Bank of Ghana, l’or a représenté 57 % des exportations totales du pays en 2024, générant 11,6 milliards USD. Le projet de supprimer la taxe sur l’exploration aurifère survient par ailleurs dans un contexte de hausse prolongée des prix du métal précieux.
Alors qu’il se négocie à plus de 4000 USD l’once ce mardi 18 novembre, l’or a déjà vu ses cours croître de plus de 50 % depuis le début de l'année. Une performance annuelle qui dépasse pour le moment celle d’environ 30 % enregistrée à l’issue de l’exercice 2024. Malgré ce contexte de marché favorable, la réussite des plans du Ghana est cependant encore loin d’être assurée.

Aucun élément ne permet encore de garantir que la suppression effective de la TVA entraînera un regain des investissements dans l’exploration minière. Les potentiels investisseurs peuvent prendre en compte d’autres facteurs, surtout à un moment où la mise en œuvre d’un audit minier a été annoncée dans le pays. Une initiative qu’il faudra d’ailleurs suivre de près, compte tenu de sa sensibilité pour le climat des affaires.
Au Mali où les autorités ont mené un audit débouchant finalement sur l’adoption d’une nouvelle réglementation minière en 2023, de vives tensions ont par exemple opposé les sociétés minières et les dirigeants. Un litige se poursuit d’ailleurs dans ce cadre entre Bamako et le canadien Barrick Mining, actif sur la mine d’or Loulo-Gounkoto, la plus grande du pays.
Aurel Sèdjro Houenou
Edité par : Feriol Bewa
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