Le Ghana prévoit 500 millions $ pour renforcer sa filière palmier à huile

Publié le 17/11/2025

3? producteur ouest-africain d’huile de palme derrière le Nigeria et la Côte d’Ivoire, le Ghana dépend encore à hauteur de 30 % des importations pour ses besoins. Le pays, qui renouvelle son ambition d’autosuffisance, veut créer un environnement favorable à la relance du secteur.

Le gouvernement ghanéen a décidé de mettre en place une facilité de financement de 500 millions USD dans le cadre de sa Politique nationale de développement intégré de l’huile de palme sur la période 2026-2032. L'information émane du document de la Déclaration budgétaire et politique économique pour l’exercice financier 2026, présenté le jeudi 13 novembre devant le Parlement.

Élaborée en partenariat avec la Banque mondiale, la Banque de développement du Ghana et d’autres institutions financières de développement, cette facilité de financement offrira des prêts à long terme, un moratoire de 5 ans sur le remboursement et des taux d’intérêt concessionnels. Elle doit également financer jusqu’à 70 % des coûts des projets industriels liés au développement de la filière.

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Autant d’avantages visant à susciter l’intérêt des investisseurs privés locaux, pour débloquer davantage de financement et soutenir les ambitions du gouvernement, qui cible l’autosuffisance en huile de palme. La nouvelle politique de développement intégré prévoit à cet effet l’aménagement de 100 000 hectares de nouvelles plantations de palmiers à huile, en vue d’augmenter la disponibilité de matière première pour les usines de transformation.

« Le palmier à huile est une culture à long terme qui nécessite un capital patient, abordable et prévisible. Les prêts commerciaux conventionnels à court terme ne conviennent pas à une culture qui atteint sa pleine maturité au bout de près de sept ans. Grâce à ce modèle de capital patient, le Ghana attirera les investisseurs nationaux et étrangers », souligne le document.

En avril dernier par exemple, le ministère des Finances avait annoncé l’intention du gouvernement de mobiliser 100 millions USD d’investissements auprès du secteur privé pour développer 20?000 hectares de palmeraies. Plus récemment en juillet 2025, un partenariat public-privé a été conclu avec  l’entreprise agroalimentaire Onesta Ghana Ltd pour développer et exploiter 10 000 hectares de palmeraies dans la première phase d’un projet de 50 millions USD, dédié à la production d’huile de palme brute et raffinée.

Inclusion des petits exploitants agricoles

La politique ghanéenne de développement intégré de l’huile de palme mise également sur l’intégration des petits exploitants, comme partenaires des grandes plantations et des unités de transformation pour accélérer le développement de la base industrielle. Elle prévoit des dispositions pour susciter l’intérêt des agriculteurs, notamment en leur garantissant un accès à des plants améliorés, des engrais subventionnés, des contrats d’achat pour leur production, l’accès au financement ainsi qu'à la formation aux bonnes pratiques de production.

« Le gouvernement, via la Tree Crops Development Authority (TCDA), l’Oil Palm Research Institute (OPRI) et la Ghana EXIM Bank, fournira financement, recherche et assistance technique aux coopératives organisées. Un Fonds de soutien aux petits exploitants garantira l’accès des femmes et des jeunes au crédit abordable et à la formation aux compétences. », peut-on lire dans le document. 

L’enjeu pour les autorités consiste à combiner les efforts des grandes plantations et des petits exploitants pour dynamiser le secteur, en s’inspirant des modèles appliqués en Indonésie et en Malaisie, qui ont permis à ces deux pays asiatiques de s’imposer respectivement comme les 1?? et 2? producteurs mondiaux d’huile de palme. Au Ghana, l’atteinte de l’autosuffisance implique que l’industrie locale parvienne à combler un déficit de production actuellement évalué à 200 000 tonnes par an. Selon les données officielles, la facture des importations pour combler ce gap s’élève à près de 200 millions USD par an.

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Au-delà du développement de la base industrielle envisagé, d’autres considérations comme la lutte contre la contrebande sont également à prendre en compte. Dans son dernier rapport publié sur le marché ghanéen des oléagineux, le Département américain de l’agriculture (USDA) soulignait par exemple que l’afflux de substituts importés, proposés à des prix inférieurs à ceux des produits locaux, constitue un frein à la production nationale et explique en grande partie les limites d'extension des plantations de palmiers à huile par les producteurs. 

Dans l’Ex Gold Coast, l’Association pour le développement de l’huile de palme (OPDAG) estime en effet que près de 90 % des huiles de cuisson vendues dans le pays sont importées illégalement, échappant à tout contrôle de qualité et aux obligations fiscales.

Stéphanas Assocle

Edité par : Feriol Bewa

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