Géothermie : l’Éthiopie mise sur son potentiel pour suivre la voie tracée par le Kenya

Publié le 13/11/2025

Longtemps concentrée sur l’hydroélectricité, l’Éthiopie explore désormais la chaleur du sous-sol pour stabiliser son approvisionnement et soutenir sa croissance. En misant sur la géothermie, elle peut suivre les pas du Kenya, référence régionale en matière d’énergie continue et propre.

L’Éthiopie veut diversifier un mix électrique encore dominé par l’hydroélectricité et tirer parti de la chaleur dans la vallée du Grand Rift. L’entreprise publique Ethiopian Electric Power vient d’estimer le potentiel géothermique du pays à plus de 1000 MW, capables de fournir une électricité stable et continue, avec un facteur de charge supérieur à 90 %. Une telle ressource pourrait remplacer environ 500 millions de litres de diesel importés chaque année, et renforcer la sécurité énergétique nationale. 

Plusieurs projets structurants traduisent cette ambition. À Tulu Moye, un projet de 150 MW est en cours, dont une première phase de 50 MW portée par le secteur privé. À Aluto Langano, première centrale géothermique opérationnelle du pays, un passage de 7,3 à 75 MW de capacité est prévu . C’est sur ce site que la Kenya Electricity Generating Company (KenGen) a foré en 2022 un septième puits de 3000 mètres, illustrant la coopération régionale entre les deux pays. À cela s’ajoutent Corbetti (objectif de 500 MW) et Tendaho, projet pilote de 20 MW extensibles à 100 MW.

Pour l’heure, la capacité électrique géothermique de l'Éthiopie reste modeste. Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), elle atteignait seulement 7 MW fin 2024, contre 940 MW pour le Kenya, leader continental sur ce segment. Le pays avance néanmoins dans un environnement global plutôt encourageant. La Banque mondiale s’est engagée dans un projet à hauteur de 350 millions USD, le Geothermal Energy Development Project, destiné à réduire les risques liés à l’exploration et à attirer des investisseurs tels que Meridiam, U.S. DFC et Iceland Drilling Company dans des projets géothermiques. 

Avec un coût estimé entre 0,05 et 0,07 $/kWh, bien inférieur à celui du diesel (0,25 $), la géothermie pourrait créer près de 10 000 emplois directs et indirects d’ici 2030 dans le pays et soutenir la croissance des zones industrielles. Si l’Éthiopie parvient à concrétiser ce potentiel, elle pourrait elle aussi devenir un acteur majeur sur ce segment en Afrique de l’Est, et un exemple d’intégration durable des énergies renouvelable capables de fournir une charge de base.

Abdoullah Diop

Edité par : Feriol Bewa