
Après un recul de plus de 20 % en 2024, la production industrielle d’or au Mali ne montre pas encore de signes de rebond en 2025. Dans ce contexte, la menace qui pèse sur l’approvisionnement du pays en carburant, essentiel au fonctionnement des mines, ajoute aux incertitudes.
Depuis deux mois, le Mali fait face à une pénurie de carburant due au blocus imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Si cette crise énergétique a affecté la vie économique et sociale, notamment dans la capitale Bamako, elle semble jusqu’à présent épargner les principaux producteurs d’or du pays.
Dans une mise à jour publiée le 15 octobre, la compagnie canadienne Allied Gold a reconnu des perturbations dans l’approvisionnement en carburant dans certaines régions, tout en précisant que « les activités à Sadiola se poursuivent normalement ». Cette déclaration est intervenue après que Reuters a rapporté début octobre que l’armée malienne avait immobilisé 70 camions-citernes de carburant destinés à la mine de Sadiola, afin de constituer une escorte militaire suffisante pour sécuriser le convoi.
De son côté, Robex Resources indique dans son rapport d’activités du troisième trimestre 2025 publié le 31 octobre, que sa mine d’or Nampala au Mali reste en bonne voie pour atteindre les objectifs annuels. La société précise toutefois que ces performances dépendront aussi de l’évolution de la situation opérationnelle dans le pays, « notamment de la fiabilité de l’approvisionnement en carburant ».
Les autres compagnies aurifères opérant au Mali n’ont pas signalé de difficultés particulières liées à la pénurie de carburant. Outre la protection militaire accordée aux convois de ravitaillement, d’autres facteurs peuvent expliquer pourquoi le secteur minier est relativement épargné par la crise. Les mines disposent généralement d’installations de stockage de carburant et de systèmes de stockage d’énergie qui leur permettent d’assurer la continuité des opérations pendant une période prolongée, même en cas de retard d’approvisionnement.
En 2021 par exemple, Resolute Mining (propriétaire de la mine d’or Syama) a achevé la construction d’une nouvelle centrale électrique hybride comprenant un système de stockage par batterie de 10 MW et une installation de stockage de carburant en vrac d’une capacité de 4 millions de litres, ce qui représente plus de 30 jours de consommation.
Si les opérations minières au Mali reposent encore largement sur des générateurs diesel, le recours aux énergies renouvelables progresse. Les mines d’or Loulo-Gounkoto et Fekola intègrent déjà des unités de production solaire. Début octobre 2025, Allied Gold a annoncé s’inscrire dans cette dynamique avec un projet d’unité solaire de 35 MW à la mine d’or de Sadiola, prévue d’ici 2027.
Malgré les efforts des autorités depuis septembre, la crise du carburant persiste au Mali. Faute de solution durable au blocus et aux attaques récurrentes des groupes djihadistes, la question n’est peut-être plus de savoir si les mines d’or seront affectées, mais quand elles le seront. Cela constitue un risque supplémentaire pour la production industrielle d’or du Mali, qui a déjà baissé de 32 % en glissement annuel à fin août 2025.
Emiliano Tossou
Lire aussi:
09/10/2025 - Crise du carburant au Mali : quand un blocus djihadiste paralyse le pays
30/09/2025 - Au Mali, l’espoir d’un rebond de la production industrielle d’or s’éloigne en 2025
