Madagascar : une crise politique qui survient en pleine phase de réformes économiques

Publié le 14/10/2025

La crise politique en cours à Madagascar intervient à un moment où le pays cherchait à consolider sa stabilité budgétaire et à poursuivre les réformes appuyées par le FMI et plusieurs partenaires de développement.

Le président malgache Andry Rajoelina aurait quitté le territoire dimanche 12 octobre à bord d’un avion militaire français, dans un contexte de manifestations et de tensions au sein des forces de sécurité, rapporte la presse internationale. Si ces informations se confirment, il s’agirait d’un nouvel épisode d’une crise politique qui s’est amplifiée ces dernières semaines dans le pays.

Depuis fin septembre, plusieurs villes, dont la capitale Antananarivo, sont secouées par un mouvement de contestation né des coupures d’eau et d’électricité. Lancé par un collectif de jeunes appelé GenZ, il s’est rapidement transformé en mobilisation politique, avec des appels à la démission du président. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, les affrontements liés aux manifestations ont fait au moins 22 morts et plus d’une centaine de blessés depuis leur déclenchement. Une partie de l’armée, notamment l’unité du Capsat, a annoncé son ralliement aux protestataires, tandis que le chef de l’État a dénoncé « une tentative de prise du pouvoir illégale » et appelé au dialogue.

La crise survient alors que le FMI relevait déjà, début septembre, des tensions budgétaires et un ralentissement dans la mobilisation des recettes domestiques. Selon la mission conduite à Antananarivo du 4 au 10 septembre, « les dépenses publiques exécutées au premier semestre ont excédé la collecte des recettes fiscales », amenant les autorités à activer des plans de contingence pour rester dans les limites du budget. Le FMI signalait également des difficultés dans le secteur minier et une « inflation en baisse, mais encore élevée » (7,9 % en juillet).

Avant cette mission, l’institution de Bretton Woods avait approuvé en juillet 2025 la deuxième revue de ses programmes de financement, débloquant 107 millions $ supplémentaires dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). Ces programmes visaient notamment à renforcer la gouvernance budgétaire, réduire les subventions énergétiques et améliorer la viabilité financière de la société publique JIRAMA.

Le Fonds monétaire international avait alors salué plusieurs avancées, notamment la mise en œuvre du plan de redressement 2025–2028 de la JIRAMA, qui prévoit la modernisation des infrastructures, la réduction du déficit opérationnel et la diminution progressive des subventions publiques au secteur énergétique. Il avait également souligné la poursuite du mécanisme automatique de fixation des prix des carburants, entré en vigueur en janvier 2025, jugé essentiel pour contenir les risques budgétaires et libérer des marges de manœuvre pour les dépenses sociales.

Pour l’heure, peu d’éléments permettent d’évaluer les répercussions économiques de la crise actuelle. Selon les dernières prévisions du FMI, Madagascar devrait enregistrer une croissance de 4 % du PIB en 2025, contre une estimation précédente de 4,6 %, dans un contexte déjà marqué par la hausse des coûts d’importation et la baisse de l’aide extérieure. L’objectif de croissance économique annoncé par les autorités malgaches était de 5% pour l’année 2025.

Louis-Nino Kansoun

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