L’Algérie fait le pari du schiste pour assurer son avenir énergétique

Publié le 06/10/2025

Envisagée depuis plusieurs années, l’exploitation du gaz de schiste occupe désormais une place stratégique dans les nouvelles politiques énergétiques en Algérie. Elle est notamment devenue une alternative face au déclin progressif de ses gisements historiques.

La semaine dernière, lors de l’African Energy Week, le président de l’Agence nationale des hydrocarbures (ALNAFT), Samir Bekhti, a confirmé un recentrage sur les ressources non conventionnelles. L’objectif visé est d’atteindre le plein potentiel des réserves nationales et de revitaliser la production.

Ce nouveau cap s’impose dans un contexte où les flux gaziers vers l’Europe se redéfinissent depuis la guerre en Ukraine, l’Algérie cherchant à consolider sa réputation de fournisseur stable et fiable.

Selon le régulateur, l’Algérie détient plus de 700 000 milliards de pieds cubes de gaz de schiste sans risque. C’est l’un des potentiels les plus importants du monde dans ce segment. Son exploitation était envisagée depuis plusieurs années, mais n’a jamais abouti. En 2014, les autorités prévoyaient un lancement de la production à l’horizon 2022, avec entre autres des investissements de 70 milliards de dollars sur vingt ans, pour développer le segment.

D’ailleurs, une nouvelle campagne de mise en adjudication de périmètres d’exploration est prévue dès le premier semestre 2026, mais il n’est pas encore clair si celle-ci comprendra l’octroi de licences de schiste.

Pour la compagnie nationale algérienne d’hydrocarbures (Sonatrach), le gaz de schiste pourrait compenser la maturité des gisements conventionnels de Hassi R’mel, In Salah ou Illizi, tout en assurant la continuité des exportations vers l’Europe.

L’exploitation du schiste demeure toutefois complexe et coûteuse, nécessitant des volumes d’eau considérables dans un pays semi-aride. L’enjeu pour Alger sera de concilier rentabilité, acceptabilité sociale et exigences environnementales, tout en renforçant ses capacités locales de forage et de traitement.

Si la stratégie réussit, le schiste pourrait devenir le nouvel horizon de croissance d’une industrie gazière vieillissante. Mais sa réussite dépendra de la capacité de l’État à attirer des partenaires technologiques, à adapter sa fiscalité et à stabiliser son cadre d’investissement.

Olivier de Souza

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