
Cette année, la croissance du PIB zimbabwéen sera essentiellement tirée par des conditions météorologiques favorables et une embellie des cours de l’or. Elle risque néanmoins de ralentir à moyen terme, sous l’effet des besoins élevés en financements budgétaires et de la faible confiance des marchés dans le plan de stabilisation économique du gouvernement.
La croissance économique du Zimbabwe devrait rebondir à 6% cette année a estimé le Fonds monétaire international le jeudi 2 octobre, grâce notamment à l'amélioration de la production agricole, à l’envolée des prix l’or et la hausse des transferts de fonds des diasporas.
« Malgré des défis persistants en matière de politiques économiques, le Zimbabwe connaît une certaine stabilité macroéconomique […]. L'activité économique s'est redressée au 1er semestre 2025 grâce à de meilleures conditions climatiques, à des prix de l'or record et à des flux soutenus de transferts de fonds des travailleurs établis à l'étranger » souligne l’institution dans un communiqué publié suite à des discussions avec les autorités sur la santé économique et financière du pays, connues sous le nom de consultations au titre de l'article IV.
Le Zimbabwe avait vu la croissance de son PIB tomber à 1,7% en 2024, en raison notamment d’une forte sécheresse qui a considérablement réduit les récoltes et la production hydroélectrique. Le FMI a averti que la croissance économique du pays d’Afrique australe pourrait ralentir à 3,5% à moyen terme, en raison de « la faible confiance des marchés dans la durabilité du plan de stabilisation économique lancé par le gouvernement » et des « besoins de financement budgétaires élevés qui pourraient freiner la croissance du crédit au secteur privé » par effet d’éviction.
Il a d’autre part indiqué que Harare reste encore confrontée à des écarts importants entre le taux de change officiel et celui qui prévaut sur le marché parallèle, malgré l’adoption en avril 2024 d'une monnaie adossée à l'or et appelée Zimbabwe Gold (ZIG).
Resserrer la politique budgétaire
Rappelant que le gouvernement a émis des bons du Trésor afin de lever les fonds nécessaires au remboursement d’importants arriérés accumulés au plan national, le FMI a par ailleurs souligné la nécessité d’un resserrement de la politique budgétaire pour combler le déficit de financement, empêcher une nouvelle accumulation d'arriérés intérieurs et exclure un retour au financement monétaire direct du Budget de l’État.
Le resserrement souhaité doit inclure des mesures visant à améliorer les recettes et à diminuer les dépenses, dont la rationalisation des incitations fiscales, la réduction des dépenses de rémunération des fonctionnaires et le renforcement du cadre de gouvernance du Fonds d'investissement Mutapa, le fonds souverain du pays.
Le Zimbabwe traverse une grave crise économique depuis la réforme agraire lancée au début des années 2000 par l’ex-président Robert Mugabe. Cette réforme dans le cadre de laquelle quelque 4500 grands propriétaires de la communauté blanche du pays avaient été expulsés de leurs terres au profit de fermiers noirs, a provoqué un effondrement brutal de la production agricole et une grave crise économique qui a poussé Harare à interrompre le remboursement de près de 13 milliards USD de dettes à la Banque mondiale, à la BAD, à la Banque européenne d’investissement (BEI) et à des pays membres de Club de Paris.
L’expropriation des fermiers blancs avait aussi découragé les investissements étrangers et fait chuter lourdement les exportations, ce qui a incité M. Mugabe à faire tourner à plein régime la planche à billets, provoquant un long épisode d’hyperinflation. Le FMI a conditionné la reprise de son soutien financier au pays à l’apurement des arriérés de dette du pays, qui a déjà commencé à effectuer des remboursements « symboliques » à des institutions financières multilatérales et des pays membres du Club de Paris.
Walid Kéfi
Edité par : Feriol Bewa
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