
La hausse des exportations du gaz naturel liquéfié produit au Sud du Sahara durant la prochaine décennie sera non seulement tirée par des producteurs historiques comme le Nigeria, mais aussi par de nouveaux entrants sur le marché comme le Sénégal et la Mauritanie.
Les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) des pays d’Afrique subsaharienne devraient passer de 35,7 milliards mètres cubes (m³) en 2024 à 98 milliards en 2034, une hausse de 174,5% grâce notamment à la hausse prévue de la production au Nigeria et au Mozambique et à l’entrée sur le marché de nouveaux pays comme la Mauritanie et le Sénégal, selon un rapport publié le vendredi 29 août 2025 par Fitch Solutions.
Intitulé « Sub-Saharan Africa (SSA) LNG Growth Momentum To Persist », le rapport précise que les exportations nettes de la région devraient atteindre 38,1 milliards m³ en 2025 (+6,7% par rapport à 2024), puis 47,9 milliards en 2026 (+25,6 % en glissement annuel). Elles culmineront ensuite à 101,4 milliards m³ en 2031, avant de se stabiliser au-dessus de 98 milliards à l’horizon 2034.
La production totale de GNL en Afrique subsaharienne devrait augmenter de 172,2 % entre 2024 et 2034. Le Nigeria restera le premier exportateur de la région à moyen terme, tandis que le Mozambique devrait stimuler fortement la croissance des exportations dès 2030, grâce à l'amélioration de la sécurité, à la reprise des financements étrangers et à la relance des projets terrestres.
Les exportations de GNL du Nigeria devraient atteindre 26,5 milliards m³ en 2026 (+32,5 % en glissement annuel), grâce à l’entrée en production du projet du train de liquéfaction N°7 du terminal Nigeria LNG Limited (NLNG). Ce projet, dont le taux d’achèvement a atteint 80% en juin 2025, devrait augmenter la capacité de production de NLNG de 35 %.
Le Mozambique devrait progressivement monter en puissance, dans la foulée de la réouverture du robinet des financiers étrangers, comme en atteste l’octroi par l'US Exim Bank de 4,7 milliards de dollars à TotalEnergies pour son mégaprojet gazier Mozambique LNG.
TotalEnergies et ExxonMobil visent une première production de GNL au Mozambique d'ici 2030, et la production globale de gaz naturel du pays devrait passer de 9,1 milliards m³ en 2025 à 62,7 milliards m³ d'ici 2034. Ce pays d’Afrique australe pourrait ravir la place de premier exportateur africain de GNL au Nigeria dès 2030. Ses exportations culmineront à 48,4 milliards m³ en 2034, soutenues par l'expansion des projets Coral FLNG et les grands projets des zones 1 et 4.
Des incertitudes entourent de grands projets en Tanzanie et en Namibie
D’autres pays tels que la Mauritanie, le Sénégal, le Congo et le Gabon renforceront également leurs positions dans le club des exportateurs africains de GNL durant les prochaines années. Leurs exportations devraient passer de 4,8 milliards m³ en 2024 à 56,0 milliards m³ en 2034, soutenues par des investissements dans des projets d'usines flottantes de gaz naturel liquéfié (FLNG) offshore qui facilitent la commercialisation du gaz.
La Mauritanie et le Sénégal ont fait leur entrée sur le marché de l'exportation de GNL en 2025 avec la première production du champ Greater Tortue Ahmeyim (GTA). La phase 1 du projet GTA, exploitée par BP en collaboration avec Kosmos Energy, PETROSEN et SMH, a démarré fin 2024 et a chargé sa première cargaison de 174 000 m³ en avril 2025. La production devrait atteindre 2,3 à 2,4 millions de tonnes par an, dont 20 à 25 % sera alloué aux marchés nationaux d'ici 2027 afin de réduire les coûts énergétiques.
Le Congo a exporté sa première cargaison de GNL en 2024, suite à l'inauguration du projet gazier Marine XII d'Eni en avril 2023. Le Gabon accélère le développement du secteur grâce à son plan directeur pour le gaz (Gas Master Plan,), qui prévoit la construction d'une installation de 983 millions de dollars à Port-Gentil et d'un terminal GNL de 2 milliards de dollars à Cap Lopez, avec un navire flottant qui devrait être mis en service en 2026.
Ensemble, les producteurs historiques de GNL, à savoir le Nigeria, l'Angola, la Guinée équatoriale et le Cameroun, devraient, quant à eux, augmenter leurs exportations totales de 30,9 milliards m³ en 2024 à 44,5 milliards en 2034.
Le rapport souligne par ailleurs que la Tanzanie et la Namibie recèlent un potentiel important pour de grands projets terrestres de production de GNL, même si les progrès risquent d'être freinés par les incertitudes qui règnent quant aux prix futurs du marché. En Tanzanie, le projet Lindi LNG, d'un montant de 42 milliards de dollars, continue d'avancer, le gouvernement et ses partenaires, Equinor, Shell et ExxonMobil, se concentrant sur la résolution des principales questions fiscales et réglementaires. Mais la construction n'a pas encore commencé, et le calendrier reste incertain.
En Namibie, l'évaluation des gisements Venus et Graff-1X confirme un rapport gaz/pétrole élevé, ce qui favorise les exportations potentielles de GNL, même si le coût supplémentaire des infrastructures de captage du gaz reste un obstacle. Si le projet Venus atteignait la décision finale d'investissement en 2026, avec une première production de pétrole prévue pour 2030, les exportations de gaz pourraient devenir envisageables, mais pour l'instant, la production de GNL est exclue des prévisions. Le projet namibien de Kudu Gas Field, en cours de développement par BW Energy et ses partenaires, vise une première production de GNL à partir de 2026. Des exportations à grande échelle sont cependant peu probables à court terme.
Walid Kéfi
Edité par M.F. Vahid Codjia
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