Demande mondiale de cacao : beaucoup de prévisions catastrophiques pour rien ?

Publié le 25/04/2025

Sur le marché mondial de cacao, l’heure est à l’incertitude. Avec une production globale qui se relance et des niveaux de prix encore élevés, les spéculations vont bon train sur l’évolution de la demande et de la consommation de chocolat.

Le scénario noir qui prévoyait un effondrement de la demande mondiale de cacao en 2025, en raison des prix élevés enregistrés l’année dernière, n’aura pas lieu. En tout cas, pas encore...

Selon les derniers chiffres trimestriels publiés la semaine dernière, les volumes de broyages mondiaux de fèves ont été meilleurs que prévu. En Asie, le volume traité par les usines a reculé de 3,4 % à 213 898 tonnes alors qu’en Europe, les broyages se sont chiffrés à 353 522 tonnes (- 3,7 %). Du côté de l’Amérique du Nord, le stock de cacao broyé a reculé de 2,5 % pour atteindre 110 278 tonnes.  

Dans l’ensemble, les analystes de marché anticipaient une diminution de l’ordre de 5 % de l’activité de transformation dans chacune des régions entre janvier et mars.

D’après les plus optimistes, ces données, quoiqu’en légère baisse, témoignent d’une certaine résilience du marché. Dans un contexte où les prévisions concernant l’impact des cours sur la demande en matière première étaient peu reluisantes en début d’année, ces statistiques prouvent que l’industrie mondiale résiste mieux que prévu aux vents contraires.

Avec la perspective d’une meilleure récolte en Afrique de l’Ouest (par rapport à la saison 2023/2024) et les exportations qui vont bon train en Côte d’Ivoire et au Ghana, les disponibilités en fèves se sont améliorées sur le marché.  

Selon les données de marché, les entrepôts certifiés de cacao affiliés à la Bourse de New York qui peuvent permettre un approvisionnement d’appoint des acteurs du marché ont atteint leur plus haut niveau de remplissage depuis octobre dernier.

Sur un autre plan, certains analystes préfèrent jouer la carte de la prudence. Avec les impositions de droits de douane annoncées début avril par les USA et les mesures de riposte de la Chine, certains craignent un ralentissement de l’économie mondiale, qui pourrait affecter le marché du cacao. D’autant plus que le pays de l’Oncle Sam représente le plus gros marché mondial de chocolat en volume et le premier importateur de produits transformés à base de fèves.  

Par ailleurs, plusieurs chocolatiers ont déjà annoncé des augmentations des prix de leur produit pour faire face à la hausse des cours de la matière première. Si cette stratégie a réussi au groupe zurichois Lindt & Sprüngli, Barry Callebaut a de son côté indiqué, le 10 avril dernier, une baisse de 4,7 % du volume des ventes sur les 6 premiers mois de son exercice 2024/2025. Cela indique que le marché reste encore sensible aux variations de prix, ce qui laisse peu de marge de manœuvre pour de nouvelles augmentations dans les prochains mois, avec le risque d'affecter un peu plus la consommation. 

Espoir Olodo

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