Les raffineries nigérianes paient leur brut jusqu’à 6 dollars de plus que le prix mondial

Publié le 23/04/2025

Quatre ans après l’entrée en vigueur du nouveau code pétrolier, les compagnies pétrolières opérant au Nigeria continuent d’ignorer l’obligation légale de vendre en priorité le brut aux raffineries locales, entraînant une hausse du coût d’approvisionnement pour celles-ci. 

Selon une enquête du journal The Leadership, les compagnies pétrolières internationales privilégient la vente de brut à des négociants étrangers, principalement en Asie, en Méditerranée et en Afrique australe. Ces traders revendent ensuite le même brut au Nigeria avec une prime de 5 à 6 dollars par baril par rapport aux prix de marché.

Ce contournement concerne notamment la raffinerie de Dangote et plusieurs raffineries modulaires nigérianes, contraintes d’acheter du brut plus cher ou d’en importer depuis d’autres pays comme les États-Unis, l’Angola ou l’Algérie. D’après des estimations fournies par The Punch, les importations réalisées par ces installations pourraient grimper à environ 1,43 milliard de dollars par mois.

Pourtant, le code pétrolier adopté en 2021 impose aux producteurs présents dans le pays de réserver une partie de la production aux raffineries locales.

La Commission nigériane de régulation du secteur en amont (NUPRC) a rappelé aux producteurs, dans une lettre datée du 2 février 2025, que l’exportation du brut destiné aux raffineries locales était illégale. Elle a annoncé que les cargaisons concernées ne recevront plus d’autorisation d’exportation. Mais cette mesure reste peu appliquée.

Actuellement, environ 60 millions de barils de brut nigérian sont en attente de vente sur les côtes du pays, selon Leadership, en raison de désaccords sur les prix entre vendeurs et acheteurs. Un stock qui pourrait être utilisé par les raffineries locales qui peinent à s’approvisionner.

Le groupe CORAN, qui regroupe les propriétaires de raffineries, indique que sept raffineries sont actuellement à l’arrêt faute d’approvisionnement. Seules quelques-unes, comme Walter Smith Refinery ou Aradel Energy, parviennent à raffiner à petite échelle grâce à leur propre production issue de champs marginaux.

Malgré des investissements récents dans la capacité de raffinage du pays, la pénurie de brut sur le marché intérieur remet en cause la viabilité économique de ces infrastructures. Elle oblige le pays à continuer d’importer du pétrole brut ou des produits raffinés, au détriment de sa balance commerciale.

Olivier de Souza

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