Investissements dans la transition énergétique : en 2024, la Chine a dominé les débats (Rapport)

Publié le 31/01/2025

Le rapport Energy Transition Investment Trends 2025 du cabinet BloombergNEF (BNEF) analyse chaque année les investissements mondiaux dans la transition énergétique. Comme en 2023, La Chine s’est illustrée en 2024, comme le chef de peloton des investissements dans la transition énergétique.

En 2024, la Chine a une fois de plus affirmé son statut de leader mondial dans la transition énergétique, avec un investissement record de 818 milliards de dollars, soit plus que la somme des investissements combinés des États-Unis, de l'Union européenne et du Royaume-Uni. L’année précédente, les entités chinoises avaient investi 676 milliards de dollars dans la transition énergétique, soit plus que tout autre pays.

Cet engagement massif a contribué de manière déterminante à la croissance mondiale des investissements dans l'énergie verte, qui ont atteint un niveau historique de 2,1 trillions de dollars, marquant une progression de 11 % par rapport à l’année précédente, soit 1,8 trillion de dollars.

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Toutefois, cette croissance, bien que significative, a ralenti par rapport aux trois années précédentes où l’augmentation annuelle oscillait entre 24 et 29 %.

Si la Chine a dominé la croissance, d'autres puissances économiques ont affiché des tendances contrastées. Les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni, qui avaient été des moteurs de la croissance en 2023, ont sous-performé en 2024. L’investissement est resté stagnant aux États-Unis, atteignant 338 milliards de dollars, tandis qu’il a reculé dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, tombant respectivement à 381 milliards et 65,3 milliards de dollars. Cette stagnation ou baisse des investissements peut s’expliquer par des conditions économiques plus restrictives, notamment la hausse des taux d’intérêt et l’incertitude politique, qui ont pesé sur le financement des projets.

L’essor des investissements dans la transition énergétique a été principalement porté par trois secteurs : les transports électriques, les énergies renouvelables et les réseaux électriques. Les véhicules électriques, en particulier, ont représenté le plus grand poste de dépenses, avec 757 milliards de dollars injectés dans l’achat de voitures électriques, de véhicules commerciaux, d’infrastructures de recharge et de technologies associées. Cette année, les achats de véhicules électriques devraient croître de 18% par rapport à 2024, atteignant 20 millions d’unités, selon des prévisions du cabinet d’études Rho Motion. Un chiffre qui cadre avec les projections de l’Agence internationale de l’Energie qui prévoient également 40 millions d’unités vendues d’ici 2030.

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Les énergies renouvelables, comme le solaire, l’éolien, la biomasse et d’autres sources, ont attiré 728 milliards de dollars, confirmant la domination de ces technologies dans le mix énergétique futur.

Par ailleurs, les investissements dans les réseaux électriques, notamment les lignes de transmission, les stations de transformation et la digitalisation des infrastructures, ont atteint 390 milliards de dollars, soulignant la nécessité d’adapter les réseaux à une production d’électricité plus décentralisée.

L’hydrogène à la traîne

Cependant, malgré cet élan vers un avenir bas carbone, certains secteurs peinent à attirer des financements conséquents. L’hydrogène, longtemps perçu comme une solution clé pour la décarbonation des industries lourdes et du transport maritime, a vu ses investissements rester limités en 2024.

En effet, bien que de nombreux gouvernements affichent un intérêt grandissant pour cette technologie, le financement des projets d’hydrogène propre a été freiné par plusieurs facteurs. D’une part, le coût élevé de production, notamment pour l’hydrogène vert issu de l’électrolyse de l’eau alimentée par des énergies renouvelables, constitue un frein majeur à son adoption à grande échelle. D’autre part, les incertitudes autour du développement d’infrastructures adaptées, du stockage et du transport de l’hydrogène compliquent encore l’engagement des investisseurs.

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Alors que les technologies matures comme les énergies renouvelables et les batteries attirent des investissements massifs, l’hydrogène et d’autres innovations émergentes, comme le captage et le stockage du carbone (CCS), peinent encore à convaincre.

Malgré l’ampleur des investissements réalisés cette année, le rapport de BloombergNEF souligne que le niveau actuel est loin d’être suffisant pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Il faudrait, selon les estimations, que les investissements mondiaux dans la transition énergétique atteignent en moyenne 5,6 trillions de dollars par an d’ici 2030 pour espérer respecter les objectifs de l’Accord de Paris. À ce jour, seulement 37 % du financement nécessaire sont réellement mobilisés.

Olivier de Souza

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