La crise politique au Mozambique, un risque pour l’industrie sud-africaine

Publié le 30/12/2024

Au Mozambique, la crise politique née de la victoire contestée de Daniel Chapo à la présidentielle perturbe l’approvisionnement en gaz de l’Afrique du Sud, fragilisant son secteur industriel et énergétique fortement dépendant des importations via le pipeline ROMPCO.

La situation politique qui prévaut actuellement au Mozambique, marquée par des manifestations violentes, des affrontements meurtriers et des actes de sabotage, a contraint le géant pétrochimique sud-africain Sasol à réduire la production sur ses sites de Pande et Temane, dans la province d’Inhambane. Selon les explications, cette réduction vise à protéger la sécurité de son personnel et de ses installations dans un contexte de violence croissante, mais elle entraîne des perturbations majeures dans la chaîne d’approvisionnement en gaz, en Afrique du Sud.

L’Afrique du Sud dépend à plus de 90 % des importations de gaz en provenance du Mozambique. Ce gaz est acheminé via le pipeline ROMPCO, une ligne de 869 kilomètres reliant les champs gaziers de Pande et Temane à l’usine de Sasol à Secunda, dans la province de Mpumalanga. Le gazoduc alimente des infrastructures stratégiques, notamment deux centrales électriques, l’une de 140 MW à Sasolburg et l’autre de 280 MW à Secunda, qui jouent un rôle clé dans la production industrielle et énergétique du pays.

La réduction de la production de Sasol a déjà commencé à affecter ces installations, limitant leur capacité à répondre à la demande énergétique croissante, alors même que l’Afrique du Sud lutte actuellement pour stabiliser un réseau électrique fragile.

Les perturbations ont également un impact direct sur les grands consommateurs industriels, comme ArcelorMittal, principal fabricant d’acier d’Afrique du Sud. L’incertitude autour de l’approvisionnement menace de paralyser ses activités et celles d’autres acteurs industriels, augmentant les risques d’arrêts de production et de pertes économiques significatives.

Alex Anderson, porte-parole de Sasol, a indiqué que l’entreprise avait informé ses clients de l’impossibilité de maintenir un approvisionnement à pleine capacité afin de préserver la stabilité du réseau de pipelines et de la chaîne de valeur gazière.

Lors d’une réunion intergouvernementale tenue il y a quelques jours, à Mpumalanga, le ministre sud-africain des Relations internationales, Ronald Lamola, a souligné l’importance stratégique de ce corridor énergétique pour la sécurité nationale, en particulier pour l’approvisionnement en gaz et en produits pétroliers. Il a également évoqué la nécessité de mesures urgentes pour atténuer les risques pesant sur la sécurité énergétique du pays. Cependant, dans un contexte de tensions persistantes et de violences croissantes, les perspectives d’une reprise rapide de l’approvisionnement restent incertaines.

La crise ne se limite pas à l’Afrique du Sud. D’autres pays de la région, comme la Zambie, qui dépendent des infrastructures énergétiques du Mozambique, commencent également à ressentir les effets de la réduction de la production et des perturbations des flux gaziers. La fermeture temporaire de la principale frontière terrestre entre le Mozambique et l’Afrique du Sud, en raison des manifestations, aggrave encore la situation en isolant davantage les économies de la région.

Olivier de Souza

Lire aussi :

18/04/2024 - L’Afrique du Sud se tourne vers le Mozambique pour anticiper une pénurie de gaz dans le secteur industriel

28/06/2021 - Les Etats sud-africain et mozambicain s’offrent 30 % des parts de Sasol dans le gazoduc ROMPCO