Estimant que « beaucoup d'ingénierie financière et de comptabilité créative » réduisaient les revenus issus de ses gisements cuprifères, Lusaka marche dans les pas du Botswana et de la RDC qui tentent de tirer plus de bénéfices des richesses de leurs sous-sols en vendant des matières premières directement aux acheteurs.
Le négociant en matières premières Mercuria a annoncé, dans un communiqué publié le jeudi 19 décembre, un accord de partenariat avec la holding publique zambienne Industrial Development Corporation (IDC) pour la création d’une société de négoce de métaux, dans le cadre d’une stratégie visant à permettre au pays d’Afrique australe de maximiser les revenus issus de ses richesses minérales.
« La coentreprise représente une étape audacieuse dans la stratégie de gouvernance des ressources de la Zambie, qui cherche à tirer une plus grande valeur de ses richesses minérales », a souligné le groupe basé en Suisse.
Mercuria a également précisé qu’elle s'appuiera sur son expertise financière, commerciale et technique pour aider la Zambie à « promouvoir une capacité institutionnelle indépendante de marketing et de négoce pour ses ressources en cuivre, à développer une filière locale de négoce de métaux, à former son capital humain par le biais d'un transfert de connaissances et de compétences et à améliorer la transparence et l'efficacité du négoce des minerais ».
Une unité de négoce axée sur le métal rouge
La joint-venture entre Mercuria et l’Industrial Resources Limited, une filiale à 100% de l'IDC, sera axée sur le négoce du cuivre.
« Ce partenariat envisage la mise en place d'un véhicule pour commercialiser le cuivre zambien grâce à un effet de levier mutuel entre l’Industrial Resources Limited et Mercuria, afin de positionner la Zambie comme un acteur clé sur les marchés internationaux. Il favorisera également le renforcement des capacités locales en formant des Zambiens au négoce des matières premières, à la gestion des risques et aux opérations financières », a déclaré Leya Mtonga (photo, à gauche), responsable juridique de l’IDC, représentant le directeur général, Cornwell Muleya.
« Notre coentreprise avec l’IDC marque une étape importante pour la Zambie, qui se positionne de manière plus stratégique sur le marché mondial des minerais. Cette initiative souligne notre engagement à favoriser des partenariats à long terme et mutuellement bénéfiques », a indiqué, de son côté, Kostas Bintas (photo, à droite), responsable mondial de Mercuria pour les métaux et les mines.
Des revenus réduits par « beaucoup d'ingénierie financière »
Le gouvernement zambien avait déjà annoncé en février 2024, son intention de lancer une unité de négoce de cuivre pour augmenter les revenus de l'industrie minière.
« Nous avons atteint le point où nous devons être perturbateurs. Les bénéfices que nous tirons du secteur du cuivre ont été minimes », avait alors déclaré Jito Kayumba, le principal conseiller économique du président Hakainde Hichilema, notant que « beaucoup d'ingénierie financière et de comptabilité créative » réduisaient les revenus issus du métal rouge.
Deuxième pays producteur de cuivre sur le continent, la Zambie devrait ainsi rejoindre certains pays africains, dont ses voisins le Botswana et la République démocratique du Congo, qui tentent de tirer plus de bénéfices économiques des richesses de leurs sous-sols en vendant des matières premières directement aux acheteurs.
Lusaka ambitionne de porter sa production de cuivre d’environ 700 000 tonnes en 2023 à 3 millions de tonnes d’ici 2031, grâce à des investissements massifs qui seront réalisés par les principales compagnies minières présentes dans le pays telles que First Quantum Minerals, Vedanta Resources et Barrick Gold.
Walid Kéfi
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