Pour les régulateurs africains, la lutte contre la haine en ligne implique la modération en langues locales

Publié le 26/04/2024

Les 23 et 24 avril, deux des principaux réseaux des régulateurs des médias et des plateformes numériques se sont réunies en Côte d’ivoire. Leur rencontre avait pour but de trouver des moyens de lutter contre la haine en ligne et améliorer la modération de contenu des plateformes numériques.

En Côte d’ivoire, le Réseau Francophone des Régulateurs de Médias (REFRAM) et le Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC) se sont accordées sur des mesures communes pour lutter contre la haine en ligne. Lors d’une réunion tenue les 23 et 24 avril, les deux réseaux ont adopté une déclaration commune pour lutter contre la haine et les contenus inadaptés sur les plateformes numériques.

Les principales mesures évoquées sont le choix pour tous les pays membres du réseau, dont une vingtaine de pays africains, d’un point de contact unique pour signaler aux autorités publiques autorités publiques un contenu problématique, et la prise en compte des langues locales. « Nous avons à peu près 400 langues et ethnies. Donc si des ethnies se battent parce que l’une pense qu’elle est supérieure à l’autre, elles se refusent de parler lingala ou le français, mais elle se permet de parler en Tchilumba. En quelle mesure on sera en capacité de réguler cela, car on n’a pas la main mise sur les plateformes et les plateformes n’ont pas la capacité de réguler cela », a interrogé Christian Bosembe, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication en RDC durant les débats.

Sa question a poussé les régulateurs à lancer des travaux pour élargir la régulation de contenus aux langues locales. D’après les comptes rendus de la rencontre, le REFRAM et le RIARC rencontreront, d’ici la fin de 2024, les représentants des réseaux sociaux comme TikTok, X, Google et Meta pour discuter de la modération de contenus.

De son côté, Google a fait savoir qu’il travaille sur 15 langues du réseau qui seront bientôt ajoutées à ses produits et pourront donc être traduites automatiquement, ce qui facilitera la modération de contenus publiés dans cette langue. « On a des chercheurs qui travaillent pour essayer d’intégrer les langues locales dans nos systèmes d’intelligence artificielle pour la détection de l’incitation à la violence », a expliqué Pren-Tsilya Boa-Guehe, responsable des institutions panafricaines, des affaires gouvernementales et politiques publiques chez Google.

Servan Ahougnon